L'Allemagne est-elle enfin prête à embrasser la modernité ? Lors d'un discours prononcé le 5 décembre, le chancelier Friedrich Merz a dévoilé un ambitieux projet comprenant plus de 200 mesures visant à réduire la bureaucratie, souvent critiquée pour son impact négatif sur l'économie du pays. Ces initiatives sont en partie motivées par le désir de revitaliser la croissance économique, déjà mise à mal par plusieurs années de stagnation.
Ce qu'il nomme l'« agenda fédéral de modernisation » a été adopté à l'issue d'une réunion avec les leaders régionaux, et vise à apporter un allègement significatif pour les citoyens, les entreprises et l'administration. Merz a souligné que des progrès avaient déjà été réalisés, notamment avec des mesures mises en place un mois auparavant, visant à alléger le poids de la bureaucratie d'au moins 25%. Selon le ministère du Travail et des Affaires sociales, ces changements sont jugés essentiels pour aider à surmonter un contexte économique difficile.
Des années de sous-investissement dans les infrastructures
Pour soutenir la mise en œuvre de ces changements, certaines décisions administratives seront désormais considérées comme automatiquement approuvées si elles ne sont pas prises dans les trois mois. De plus, le gouvernement envisage de réduire le nombre de justificatifs nécessaires.
Les plus de 70 ans seront également bénéficiaires de ces réformes, puisqu'ils pourront désormais obtenir une carte d'identité à validité illimitée. Dans le secteur de la construction, les démarches administratives devraient être simplifiées, avec la possibilité de procéder uniquement par déclaration dans certains cas.
Dans un effort pour moderniser les infrastructures, l'État prévoit de réduire les délais d'appel d'offres, en intégrant des technologies telles que l'intelligence artificielle pour optimiser les procédures.
L'IA devrait également faciliter le traitement des demandes liées à l'état civil, tandis que tous les documents officiels seront accessibles via un système numérique unifié. Les déclarations fiscales, un domaine traditionnellement complexe, bénéficieront également d'une simplification.
La crise économique et sociétale actuelle
La nécessité de main-d'œuvre immigrée est devenue pressante, avec des estimations indiquant qu'au moins 1,6 million de travailleurs étrangers seront nécessaires d'ici 2029. Merz s'est engagé à faciliter la reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l'étranger, un enjeu crucial dans un pays vieillissant.
Ces annonces interviennent à un moment où l'économie allemande doit faire face à des défis majeurs. Récemment, la première fédération industrielle du pays a déclaré que l'Allemagne traverse actuellement sa « crise la plus profonde » depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, une situation exacerbée par la chute continue de la production industrielle, précisément sur les trois dernières années. Cela a provoqué un mécontentement croissant envers le gouvernement de coalition.
Au sein du paysage politique, l'extrême droite, représentée par l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), se renforce également, apparaissant désormais en tête dans certaines enquêtes. De nombreux experts économiques et sociopolitiques s'inquiètent des conséquences que cette tournure des événements pourrait avoir pour la stabilité de la démocratie allemande. Le quotidien Die Zeit a récemment averti que l'avenir politique est plus incertain que jamais.
Dans ce climat, le gouvernement doit agir rapidement pour regagner la confiance des citoyens et redynamiser le tissu économique du pays. La volonté de Merz d'opérer un changement profond dans le système bureaucratique allemand pourrait marquer un tournant décisif, mais nécessite pour cela des résultats tangibles dans un avenir proche.







