La Syrie a connu uneMétamorphose radicale, passant d'une dictature oppressive à un régime islamiste bien organisé, bénéficiant d'une certaine clémence de la part des Occidentaux. En dépit des promesses d'un avenir radieux, les attentes économiques restent insatisfaites, tandis que les minorités religieuses continuent de vivre dans la crainte.
Le 8 décembre 2024, les Syriens et les habitants d'autres pays du Moyen-Orient, y compris le Liban, ont célébré la chute du régime des Assad, après cinquante-quatre ans d'oppression. Toutefois, ce moment historique a rapidement fait place à une dure réalité : « Le roi est mort, vive le roi ».
Abou Mohammed al-Joulani : un nouveau visage à la tête de la Syrie
Après la mise à jour du monde sur les atrocités du régime d'Assad, notamment à la prison de Saidnaya, des acteurs comme Abou Mohammed al-Joulani, qui a raccourci sa barbe et s'est habillé à l'occidental pour prendre les rênes, se sont imposés. Son organisation, Hayat Tahrir al-Cham (HTS), a été désignée comme la nouvelle autorité par divers dirigeants djihadistes, signalant ainsi une rupture avec les années Assad.
Peu après, al-Joulani a convoqué une réunion pour établir un « dialogue national », marquant le début d'un régime islamiste formel. Un comité a été créé pour rédiger une déclaration constitutionnelle qui a institué la jurisprudence musulmane comme fondement des lois, tout en restreignant la présidence aux hommes musulmans seulement.
Minorités en danger
Dès le départ, les violences se sont intensifiées, principalement contre les Alaouites et les Druzes. Les massacres sur la côte syrienne en mars 2025 ont démontré la brutalité des actions à l'encontre des minorités. Des groupes djihadistes ont exercé des pressions, poussant même à l’expulsion de certaines communautés. La peur s'est répandue, notamment à Homs et autour de Damas.
Les attaques contre les Druzes dans les périphéries de Damas et à Soueïda se sont multipliées, souvent orchestrées par des milices tribales. Ce climat de violence ciblée rappelle les dénonciations énoncées par des experts du Moyen-Orient sur la montée des tensions confessionnelles. Les récentes violences anti-alaouites démontrent une confusion dangereuse entre appartenance religieuse et violence.
Les Chrétiens, quant à eux, ne sont pas épargnés. Entre prosélytisme forcé et attaques directes, leur situation devient de plus en plus précaire. La stratégie du gouvernement semble viser à diviser les Sunnites tout en favorisant les courants salafistes au sein de cette communauté, ajoutant ainsi une complexe dynamique sectaire.
Un nouveau pouvoir sur la scène internationale
Alors que le régime islamique clame son intention de transformer la Syrie en une nouvelle « Singapour », les avancées économiques demeurent invisibles. Des pays comme le Qatar et les Émirats ont rapidement cherché à intégrer ce nouveau gouvernement aux réseaux diplomatiques internationaux.
Ce point de contact a été illustré par la rencontre entre Abou Mohammed al-Joulani et Emmanuel Macron à l'Élysée, six mois après la prise de pouvoir du premier. Les tensions soulevées par cette transaction font écho aux critiques contemporaines portant sur la politique étrangère occidentale au Moyen-Orient, où les intérêts géopolitiques et économiques semblent souvent prévaloir sur les préoccupations des droits de l'homme.
En résumé, la situation en Syrie est le reflet d'une période de transition complexe, où le défi reste immense pour les populations encore meurtries par des décennies de conflits. Alors que la communauté internationale continue de naviguer entre enjeux humanitaires et stratégies de pouvoir, la voix des Syriens, notamment des minorités, semble parfois inaudible dans le tumulte des ambitions politiques.







