Ce mardi, à Nanterre, a débuté le procès d'une nourrice accusée d'avoir intoxiqué les parents juifs des enfants dont elle avait la charge, en janvier 2024. L'affaire, qui révèle des motivations d'un antisémitisme avéré, a choqué l'opinion publique et soulève des questions graves sur des faits de discrimination au sein de la sphère familiale.
La prévenue, une femme algérienne d'une quarantaine d'années, avait été engagée par une famille ayant trois enfants âgés de 2, 5 et 7 ans. Les problèmes ont commencé lorsque la mère a constaté qu'une bouteille de vin, ainsi qu'un jus de raisin, dégageaient des odeurs étranges, semblables à celles de produits d'entretien. De plus, le démaquillant utilisé par la mère lui causait une irritation oculaire. Suite à ces révélations, la mère a décidé de porter plainte au commissariat de Levallois-Perret, engendrant une enquête approfondie.
Les enquêteurs ont découvert des résidus de produits toxiques dans plusieurs contenants de la maison, y compris dans des bouteilles d'alcool et un plat cuisiné avec du whisky. L'horreur s'est intensifiée lorsque la nourrice a admis, durant sa garde à vue, avoir intentionnellement introduit ces substances, justifiant son acte par des raisons anti-juives : « Parce qu'ils ont de l'argent et le pouvoir, j'aurais jamais dû travailler pour une Juive. » Ces propos ont conduit le juge d'instruction à retenir la circonstance aggravante d'antisémitisme dans cette affaire.
Les avocats de la famille, notamment Me Sacha Ghozlan, ont décrit un climat de « l'antisémite d'atmosphère » au sein du foyer, tandis que Me Patrick Klugman a exprimé son inquiétude concernant le bien-être des enfants. Selon lui, ceux-ci ont été exposés à des risques indiscutables tout en étant ignorants des motivations malveillantes de leur nourrice. Les enfants, exposés à ce climat hostile, ont même rapporté avoir été interrogés par la nourrice sur leur identité juive, ce qui suscite des dilemmes moraux et juridiques autour de l'impact psychologique sur les plus jeunes.
À caractère civil, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) s'est prononcé en faveur de la partie plaignante, et deux organisations : l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) ont également décidé de se constituer parties civiles. Yonathan Arfi, président du CRIF, est attendu pour témoigner et apporter son soutien aux victimes.
Cette affaire posera nécessairement des questions de société sur les aspects de l'antisémitisme, non seulement dans le milieu privé, mais aussi dans la prise en charge des enfants par des tiers. Les conséquences juridiques et sociales de ces actes pourraient s'avérer profondes.







