La visite récente d'Emmanuel Macron en Chine a mis en lumière la complexité des relations entre Pékin et Moscou, surtout en ce qui concerne la guerre en Ukraine. Bien que la Chine prétende maintenir une posture neutre, son soutien à la Russie est manifeste, tant sur le plan économique que diplomatique.
Les discussions entre Macron et Xi Jinping ont abordé des sujets cruciaux, notamment le rôle que la Chine pourrait jouer pour inciter le président russe, Vladimir Poutine, à accepter un cessez-le-feu. Toutefois, cet appel à la paix semble d'emblée difficile, compte tenu de la dépendance croissante de la Russie vis-à-vis de la Chine. Selon Marc Julienne, directeur du Centre Asie à l'Ifri, « la Chine fournit à la Russie non seulement des matières premières, mais aussi des technologies et des machines-outils qui renforcent sa défense ».
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les échanges commerciaux entre la Chine et la Russie ont atteint un sommet historique de 240 milliards de dollars en 2023, une hausse de 64% par rapport à 2021. Cette dynamique crée un lien économique fort, mais, comme le souligne Julienne, elle relève davantage d'un partenariat intéressé que d'une fraternité. « La Chine a besoin de nouveaux marchés pour absorber sa surproduction », déclare-t-il.
Sur le plan diplomatique, la Chine n'a jamais condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie, attribuant la responsabilité à l'Occident. Cette position lui permet de soutenir son voisin tout en se présentant comme un acteur de paix. Des collaborations militaires, telles que des exercices conjoints, renforcent cette impression d'alliance.
La complexité de cette relation est également visible dans la manière dont la Chine gère son image à l'international. La montée des tensions et les sanctions occidentales offrent à la Chine une occasion d'affirmer son influence en tant que contrepoids à l'hégémonie occidentale. Un porte-parole des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré : « Nous poursuivons une coopération économique, commerciale et énergétique avec la Russie, qui est tout à fait légitime ».
Cependant, alors que la Chine continue d'augmenter son approvisionnement en hydrocarbures russes, cette situation peut également nuire à l'image de Pékin sur la scène internationale. Des experts, comme Thierry Coville de l'IRIS, mettent en garde : « Bien que la Chine évite la livraison d’armes, son soutien indirect à l’effort de guerre russe pourrait la rendre complice des actions militaires ». Ainsi, la Chine se retrouve coincée entre ses intérêts économiques et le besoin de maintenir une façade de neutralité.
Dans l'ensemble, la relation entre la Chine et la Russie est stratégique et multifacette, un exemple emblématique de la complexité des alliances contemporaines, particulièrement dans le contexte de la guerre en Ukraine.







