Dans une affaire qui soulève des inquiétudes croissantes, un Français travaillant pour Euroclear, la banque européenne chargée de gérer les actifs gelés de la Russie, est sous l'œil des services de renseignement. Selon une enquête menée par le magazine belge HUMO et le site EUobserver, cet employé a effectué 155 trajets entre Paris et Moscou entre 2015 et 2024, jugés « suspects » par des responsables d'un pays membre de l'OTAN.
Euroclear, un acteur clé dans la détention des fonds russes immobilisés par les sanctions de l'Union européenne, a déclaré que ces voyages étaient d'ordre personnel. De plus, la banque assure que l'individu n'occupait pas de poste de direction et n'avait pas accès aux actifs gelés. Toutefois, une source au sein d'Euroclear a révélé à HUMO que l'employé avait été « délibérément tenu à l'écart », laissant son statut d'agent double en question.
A cette inquiétude s'ajoute une invitation controversée lancée par cet individu à Valérie Urbain, la PDG d'Euroclear, pour discuter des fonds russes en présence de deux hommes présentés par des journalistes comme de potentiels agents russes. Valérie Urbain, ainsi qu'un autre cadre, ont refusé cette invitation, renforçant les suspicions entourant l'employé.
Actuellement, aucune action judiciaire n'a été annoncée, mais Euroclear souligne avoir agi par précaution. Avec plus de 180 milliards d'euros d'actifs russes immobilisés, la banque est devenue un enjeu financier et géopolitique, surtout dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine. Les débats sur l'utilisation des revenus générés par ces avoirs pour soutenir l'Ukraine font rage au sein de l'Union européenne.
Les experts s'interrogent sur les implications de cette situation. Jean-Pierre Dubois, analyste en sécurité et affaires géopolitiques, déclare : "Une telle surveillance est non seulement justifiée, mais nécessaire pour s'assurer que les intérêts européens ne soient pas compromis."







