Sous un ciel de désespoir et d'incertitude, Safiatou Bah, 33 ans, a décidé de quitter la Guinée, laissant derrière elle ses trois jeunes enfants. AFP rapporte que cette mère courage, après des années de lutte, se sent acculée par l'absence d'opportunités dans son pays, désormais marqué par une crise économique aiguë et un régime militaire.
La Guinée, autrefois peu considérée comme un point de départ pour la migration, devient désormais une nouvelle voie empruntée par des milliers de jeunes Guinéens désespérés. Récemment, des ONG ont signalé des départs massifs de pirogues vers les Canaries, transformant le pays en un carrefour migratoire en Afrique de l'Ouest.
La décision de Safiatou, qui avait tenté sa chance à Conakry dans le secteur des ONG, illustre la réalité tragique : « Je pars parce que je souffre ici. Tu te bats et il n'y a personne qui t'aide », confie-t-elle, le cœur lourd.
Dans un contexte global marqué par des politiques de visas de plus en plus restrictives, l'ONG espagnole Caminando Fronteras a confirmé l'existence et l'expansion de cette nouvelle route migratoire. Les rapports indiquent que les Guinéens sont devenus la première nationalité africaine à demander l'asile en France, signalant ainsi le désespoir grandissant de cette jeunesse.
Mamadou Saïtiou Barry, directeur de la Direction générale des Guinéens à l'étranger, souligne qu'il est conscient de l'hémorragie migratoire qui touche le pays : « Plusieurs milliers de Guinéens migrent clandestinement chaque année. » Sans initiative concrète pour stopper ce phénomène, de jeunes hommes comme Abdourahim Diallo, père de deux enfants, envisagent de recommencer leurs tentatives migratoires. « J'ai beaucoup de famille qui compte sur moi », dit-il, soulignant la pression familiale qui pousse tant de jeunes à se lancer dans cette aventure périlleuse.
Les récits des jeunes qui ont survécu à cette quête sont souvent tragiques. Abdourahim se souvient de ses années passées dans la forêt de Gourougou au Maroc, où il a échappé à la gendarmerie et aux violences. Son témoignage fait écho à celui de nombreux migrants qui, face à la misère et à l'absence d'un avenir prometteur, choisissent d'affronter les dangers de la mer Méditerranée plutôt que de rester prisonniers d'une impasse.
Alors que les media relatent ces épreuves, il est impératif que les gouvernements, tant guinéen qu'européen, prennent conscience de l'urgence de la situation de cette jeunesse. D'autres témoignages de spécialistes, sur la nécessité d'une aide internationale et d'une régulation des flux migratoires, sont essentiels pour aborder ce drame humain. Des voix s'élèvent, appelant à la création de vraies opportunités économiques dans la région, avant qu’il ne soit trop tard.







