Avant 2007, Nicolas Sarkozy s'était distinctement éloigné de Jacques Chirac, avec l'idée phare de « la rupture ». Aujourd'hui, le choc est bien plus perturbant : c'est une rupture profonde avec les principes de son ancien mentor.
Alors qu’à l'Élysée, Chirac avait établi un véritable cordon sanitaire entre la droite républicaine et l'extrême droite, se refusant à normaliser ces idées, Sarkozy semble aujourd'hui emprunter une voie radicalement différente. En 2002, Chirac déclarait de manière frappante : « Face à l’intolérance et à la haine, il n’y a pas de transaction possible, pas de compromis possible. » Ses mémoires soulignent que, à ses yeux, « l’extrême droite ne changera jamais ».
Pourtant, dans son livre Journal d’un prisonnier, il exprime un soutien inattendu à Marine Le Pen et aux figures du Rassemblement National, tel que Sébastien Chenu. En déclarant qu'il ne ferait pas appel à un front républicain, Sarkozy normalise la présence de l’extrême droite sur la scène politique. D'après une analyse de Le Monde, son rapprochement avec le RN marque une dérive idéologique préoccupante au sein des Républicains.
Les membres de son entourage insistent sur le fait qu'il ne prône pas une alliance formelle avec l'extrême droite. Cependant, il évoque une faible capacité de son ancien parti à représenter l'avenir politique de la France. Ses appels à un « esprit de rassemblement le plus large possible » portent à croire qu'une coopération avec le RN pourrait être inéluctable.
Cela s'avère d'autant plus ironique, puisque ce raisonnement fait écho à ses recommandations en 2018 pour une alliance avec le camp macroniste, persuadé qu’Emmanuel Macron aurait besoin de la droite pour sa réélection en 2022. Or, il semble que ces mêmes arguments, aujourd'hui, soient utilisés pour envisager une union avec l'extrême droite, accentuant la vulnérabilité de son ancien parti.
Dans cette transformation surprenante, il devient délicat de discerner si ses motivations sont principalement économiques ou politiques. Sarkozy, en tant qu'administrateur d'un groupe proche de Vincent Bolloré, fervent défenseur de l’union des droites, navigue en terrain miné. Ses ressentiments quant au manque de soutien des LR, en face du soutien inné de Le Pen, accentuent cette dichotomie. Quel que soit son facteur, on ne peut ignorer le reniement de valeurs essentielles qui ont façonné le parti dont il est l'héritier, un héritage ancré dans les principes de la Résistance.







