Ivry-sur-Seine, bastion traditionnel du communisme français, traverse une période de turbulences sans précédent. Une lettre ouverte d'une jeune militante communiste, Mélissandre, a récemment mis à jour des allégations de viol commis par un autre militant en 2016 et a conduit à des démissions au sein de l’équipe municipale.
Mélissandre, qui a longtemps été active au sein des Jeunesses communistes, a enfin rompu le silence après la condamnation de son agresseur, prononcée le 7 novembre dernier. Dans son message, partagé sur Instagram et adressé au maire Philippe Bouyssou, elle a accusé quatre adjoints d’apporter un soutien inapproprié à son agresseur tout au long du procès.
“Est-il en accord avec les valeurs d'Ivry-sur-Seine que des élus prennent la parole en faveur d'un violente reconnu coupable ?”
Le parquet avait requis une peine de prison de onze ans pour des viols sur deux militantes, mais l’agresseur a finalement écopé de cinq ans, dont trois avec sursis. Bien que condamné, il n’a pas fait appel et recouvre sa liberté. Ce verdict a servit de catalyseur pour Mélissandre, qui explique : “La culture du silence a trop duré, je ne voulais plus rester invisible.”
Durant le procès, la présence de certains élus, témoignant pour l’accusé, a choqué la communauté. Ils ont minimisé son comportement problématique, ce qui a exacerbé la douleur de la victime. “Ils ont été incapables de distinguer une dynamique de pouvoir toxique et de voir la gravité de ses actes,” a-t-elle commenté.
Effectivement, l’annonce des démissions a suivi de près la réunion convoquée par Bouyssou, durant laquelle il a écouté les élus mis en cause. Ainsi, Sarah Misslin, adjointe en charge de la prévention de la délinquance, a quitté son poste, tandis que le premier adjoint, Romain Marchand, a été suspendu.
Philippe Bouyssou a exprimé sa surprise face à la situation : “J’ai été informé de l’affaire, mais de manière très lointaine. Il était essentiel que des mesures soient prises.” D'autres soutiens parmi les élus, en raison de leurs relations passées avec l'agresseur, ont donné lieu à des débats passionnés au sein du parti, précipitant cette crise politique sans précédent.
Dans une société où le féminisme et la lutte contre les violences faites aux femmes prennent de l'ampleur, cette situation à Ivry-sur-Seine soulève des questions cruciales sur la responsabilité des élus et leur implication au sein d'une culture militante ancrée dans des valeurs patriarcales.
Enfin, Mélissandre, désormais maman et professeure des écoles, reste déterminée à se battre pour que sa voix et celles d'autres victimes soient entendues. “Nous devons créer des espaces de sécurité pour toutes les victimes, quand vont-ils le comprendre ?”, conclut-elle.







