Après plus d’un an de détention en France, Christian Tein, le président du FLNKS, est de retour en Nouvelle-Calédonie. Son arrivée, fort attendue, s’est faite dans un contexte de crise pour le mouvement indépendantiste, qui se sent de plus en plus isolé. Dans ce climat délicat, sa première prise de parole devant ses militants a captivé l’attention.
Le retour de Tein a été marqué par des retrouvailles chaleureuses, où les militants, tout en l’accueillant comme le « capitaine du bateau », ont honoré la tradition kanak en apportant des offrandes. Bien que ce moment ait été empreint de joie, la posture discrète de Tein, vêtu d'un simple polo bleu, a renvoyé une image de sobriété en décalage avec l'enthousiasme ambiant.
Tein, qui a été propulsé sur le devant de la scène par des événements tumultueux, a fait son apparition lors du 46e congrès extraordinaire du FLNKS, tenu à Ponérihouen, à l’est de l’archipel. Ce retour a lieu alors que le mouvement d’indépendance, ayant refusé de soutenir l'accord de Bougival conclu entre l’État et d'autres factions, semble se trouver à un carrefour décisif.
Selon plusieurs analystes politiques, ce désaccord révèle un affaiblissement temporaire de la position du FLNKS, qui a également perdu deux alliés historiques, le Parti de libération kanak (Palika) et l’Union progressiste en Mélanésie (UPM). Ces partis, en désaccord avec le tournant radical du mouvement, ont décidé de se retirer.
Cependant, certains membres du Palika continuent à partager des vues similaires à celles du FLNKS, ce qui pourrait indiquer une division interne plutôt qu’un effondrement complet. Eugène Merempon, leader du comité régional Palika de Ponérihouen, a affirmé : "Un État de Nouvelle-Calédonie au sein de la France ? Ce n'est pas ça l'accès à la pleine souveraineté." Cette déclaration met en avant les inquiétudes persistantes concernant les réformes et leur impact sur l'avenir du territoire.
L’accord de Bougival, censé ouvrir la voie à des élections provinciales cruciales, semble également stagner. La ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, a proposé une "consultation anticipée" pour impliquer les Calédoniens dans la discussion, mais cette initiative a soulevé des critiques quant à son timing et sa méthode.
La situation actuelle, marquée par une absence de consensus, pourrait compliquer la recherche d'un nouvel accord avec l'État avant les élections présidentielles de 2027. Tein, en prenant la parole, a exhorté les nouveaux membres du bureau politique à "respecter les anciens" et à travailler dans un esprit de collaboration, tout en appelant à un "travail horizontal" au sein du FLNKS.
"Nous devons être collectivement à la hauteur de nos ambitions de souveraineté", a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’un dialogue constructif avec les autorités. L’avenir du FLNKS dépendra alors de la manière dont le mouvement pourra intégrer indifféremment les voix variées de ses membres et faire face à l’inertie actuelle des négociations. En parallèle, les analystes demeurent prudents : "L’indépendance n’est pas chose facile, et le chemin reste semé d'embûches" ajoutent-ils, en rappelant l'importance cruciale du dialogue pour la paie durable en Nouvelle-Calédonie.







