La Thaïlande et le Cambodge ont annoncé un cessez-le-feu immédiat ce samedi, marquant un tournant dans un conflit frontalier qui a causé la mort d'au moins 47 personnes et entraîné le déplacement de près d'un million de personnes en seulement trois semaines. Ce retour au calme permet aux habitants des zones touchées de commencer à envisager un retour chez eux, après des semaines passées dans des abris temporaires.
Oeum Raksmey, une jeune déplacée cambodgienne de 22 ans, a exprimé son soulagement en déclarant : "S'ils arrêtent de se battre dès maintenant, je serai très heureuse car les gens pourront rentrer chez eux. Mais j'ai toujours peur, je ne fais pas confiance aux Thaïlandais". Bien que la trêve apparaisse comme une source d'espoir, des craintes persistent quant à son application réelle.
Dans une déclaration conjointe, la trêve est entrée en vigueur samedi à midi. Les ministres de la Défense des deux pays ont convenu de geler les positions militaires, de débuter le déminage des régions frontalières, et de collaborer pour lutter contre la cybercriminalité. En outre, la Thaïlande a promis de libérer 18 soldats cambodgiens capturés.
Le ministre thaïlandais de la Défense, Natthaphon Narkphanit, a souligné que ce cessez-le-feu représente une "porte vers une solution pacifique". Il a également reconnu la colère et l’anxiété de sa population face à ce conflit. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a également exprimé l'espoir que cette trêve esquisse un chemin vers la paix, demandant une aide humanitaire pour les personnes touchées.
L'Union européenne a salué l'accord, appelant à son application de bonne foi par les deux parties. Cependant, les violences réciproques et les accusations de provocation demeurent vives, chacun des pays ayant perdu des soldats et des civils. La situation au sein du voisinage immédiat reste fragile et les tensions sous-jacentes persistent.
Depuis des décennies, la question des frontières entre la Thaïlande et le Cambodge reste source de divergence, souvent exacerbée par le patrimoine historique partagé et les sites culturels contestés comme le temple de Preah Vihear, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Les conflits deviennent souvent mortels, rappelant des épisodes violents antérieurs, notamment un affrontement datant de juillet qui avait fait 43 morts en à peine cinq jours.
Pour tenter de résoudre cette crise, la Chine a aussi proposé son aide, et des discussions sont prévues entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays et leur homologue chinois, Wang Yi. Ce sommet pourrait potentiellement ouvrir la voie à un dialogue durable, mais la méfiance persiste. "Je ne pense pas que le cessez-le-feu sera respecté", a déclaré Khampong Lueklarp, un chef de village thaïlandais, tandis que le Premier ministre thaïlandais, Anutin Charnvirakul, a affirmé que son pays ne céderait aucune parcelle de territoire.
Les élections législatives en Thaïlande, prévues pour le 8 février, pourraient également influencer la situation géopolitique déliée. En attendant, les déplacements massifs de populations et les besoins humanitaires restent pressants, mettant en avant les défaillances des gouvernements respectifs à garantir la sécurité de leurs citoyens.







