Le mot « conne » : de l'insulte à l'affirmation féministe

Découvrez comment une insulte inédite est devenue un symbole de fierté.
Le mot « conne » : de l'insulte à l'affirmation féministe
La dernière création de la rennaise Laura Coupeau, en réaction à la phrase de Brigitte Macron. | LAURA COUPEAU

Récemment, l'expression « Je suis une sale conne » a pris d'assaut les réseaux sociaux, résultant des commentaires dégradants de Brigitte Macron à l'égard de militantes féministes. Depuis le 7 décembre 2025, cette phrase s'est transformée en slogan de revendication. La linguiste Aurore Vincenti, spécialiste en sexologie clinique, explore les racines et la transformation de ce terme si chargé de sens.

Des origines latines à l'injure

Le mot « con » dérive du latin cunnus, désignant à l'origine le sexe féminin sans connotation péjorative. Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle que le terme a pris une tournure insultante, incarnant une vision patriarcale du corps féminin, selon Vincenti. Elle explique que l'évolution du mot s'est accompagnée d'autres variantes médiévales associées à l'idiotie, ce qui a contribué à son usage actuel en tant qu'insulte.

Le retournement féministe

Dans un contexte où l'insulte « conne » est partout en France, l'interprétation public de ce terme persiste, mais son utilisation dévoile aussi un imaginaire sexiste qui ne se limite pas à son étymologie. Par exemple, d'autres mots comme « hystérique » ou « pute » sont également utilisés pour rabaisser les femmes, en les reliant à leur corps plutôt qu'à leur intellect. Dans ce contexte, le mouvement féministe a rapidement repris l'expression d'une manière qui transfigure la stigmatisation initiale en un symbole de solidarité et de résistance.

La transformation rapide du mot en un cri de ralliement souligne la puissance des féministes modernes qui s'approprient ce qui devait être offensant. Cécile, une militante féministe, déclare : "Ce terme, qui était destiné à humilier, devient une arme pour revendiquer notre identité et notre force."

Alors que ce phénomène interpelle et suscite de vives discussions, il renvoie à une question : comment le langage peut-il également être un vecteur d'émancipation ? D'après des études sociolinguistiques, la récupération de termes péjoratifs peut redéfinir les valeurs culturelles associées.

En somme, « conne » traverse une période de renaissance, où chaque usage fait écho aux luttes politiques et sociales actuelles. Malgré sa charge historique, il devient un symbole d'affirmation, ouvrant la voie à un dialogue essentiel sur la place et l'image de la femme dans notre société moderne.

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