La préservation de l'eau potable fait face à des défis majeurs dans les départements de l'Ouest de la France, où les pesticides, les inondations et les sécheresses se multiplient. Deux ans de discussions acharnées n'ont pas suffi à établir un compromis sur des mesures concernant six départements, allant de la Mayenne au Morbihan, et englobant 1,3 million d'habitants.
Une réunion cruciale devait se tenir à Châteaubourg (Ille-et-Vilaine) pour la révision du Schéma d'aménagement et de gestion de l'eau (SAGE) du bassin versant du fleuve Vilaine. Ce schéma vise à améliorer la qualité des masses d'eau, actuellement jugée très mauvaise. Cependant, cette réunion a été annulée à la dernière minute, entravée par un blocage mené par des syndicats agricoles qui protestaient contre certaines décisions.
L'accès à la salle de réunion a été entravé par un tracteur et une balle de paille, signe des tensions palpables sur le terrain. Le président de la Commission locale de l'eau (CLE), Michel Demolder, s'est dit déçu par cette interruption du débat démocratique. Les tensions sont exacerbées par une règle qui interdirait l'utilisation d'herbicides pour le maïs dans des zones sensibles à l'érosion, un précédent potentiel en France.
Cette règle a pour objectif d'éviter la contamination des sources d'eau potable par des polluants lors des épisodes de pluie. Malgré la possibilité d'obtenir des dérogations en cas de nécessité technique, cela soulève l'ire des syndicats agricoles comme la FNSEA-JA.
Prévu initialement pour vote lors de la réunion, le SAGE a été reporté au 16 janvier. La FNSEA, premier syndicat agricole, n'hésite pas à qualifier la situation de "coup de force" et exige une réécriture des réglementations, accompagnée d'études d'impact socio-économiques, souligne Christian Mochet, éleveur laitier et représentant de la FDSEA 35.
D'autre part, des défenseurs de l'environnement tels que Marie-Ève Taillecours de la Confédération paysanne critiquent fermement l'annulation de la réunion, qualifiant cette action de menace contre le dialogue. Selon elle, « trois ans de travail concerté sont aujourd'hui mis à la poubelle ».
Les enjeux sont multiples, allant de la santé publique, comme le souligne Pascal Hervé, vice-président de Rennes métropole, à l’économie, avec un secteur agro-industriel très consommateur d'eau. Une étude de l’Autorité environnementale met d'ailleurs en lumière les coûts croissants de dépollution qui risquent de peser sur les consommateurs dans un avenir proche.
La situation met en lumière un dilemme majeur : comment concilier les besoins des agriculteurs avec la nécessité de protéger les ressources en eau. Alors que certaines voix plaident pour un véritable principe de pollueur-payeur, d'autres s'inquiètent de l'impact environnemental et sanitaire de l'agriculture intensive.
Ainsi, la révision du SAGE Vilaine ne concerne pas uniquement le secteur agricole, mais aussi les activités industrielles, touristiques et l'urbanisation, révélant une complexité qui nécessitera une attention particulière et une volonté de compromis. Le chemin vers une gestion durable de l'eau semble encore long et semé d'embûches, tant les enjeux sont entremêlés.







