La politicienne Sandrine Rousseau se retrouve au cœur d'une controverse suite à des remarques faites à l'Assemblée nationale, où elle a été interpellée par Géraud Verny, député UDR. Ce dernier lui a demandé de ne pas "hurler" lorsqu'elle s'exprime, ce qui a suscité des réactions mêlant indignation et ironie. Début novembre, le magazine Causeur a introduit le terme de "patriarcat acoustique" pour décrire la difficulté des femmes à faire entendre leur voix dans le débat public.
Le 18 novembre, Libération a repris cette expression avec sérieux, soulignant à quel point les voix masculines dominent l'espace public. Martine Delvaux, chroniqueuse pour le quotidien, affirme que "nous vivons bien dans un patriarcat acoustique où les voix masculines non seulement dominent, mais dictent qui mérite de s’exprimer".
Cette domination vocale s'illustre lorsque les femmes peinent à se faire respecter dans des lieux tels que l'Assemblée nationale. Les femmes y sont souvent "interrompues, dévaluées ou taxées d'hystérie" quand elles défendent leurs idées avec passion. Par conséquent, de nombreuses femmes, qu'elles soient journalistes ou politiciennes, se trouvent contraintes d'adapter leur voix pour être prises au sérieux. Cela rappelle le parcours de Margaret Thatcher qui a suivi des cours de coaching vocal pour adopter un ton perçu comme plus autoritaire.
Rousseau, en tant que femme s'affichant comme féministe et écologiste, doit faire face à une double évaluation de sa voix. En effet, son discours, teinté de ses convictions, entraîne souvent des réactions négatives, amplifiant l'idée que "les femmes féministes sont jugées plus bruyantes". Ce constat n'est pas sans rappeler les siècles de restrictions que les femmes ont subies sur leur capacité à s'exprimer publiquement.
Martine Delvaux évoque un lien évident entre ces enjeux contemporains et l'Antiquité, où "les femmes étaient exclues de l'espace public". Elle conclut en dénonçant une forme de domination masculine persistante, à travers des "injonctions au silence" et une volonté de contrôler la parole des femmes. Cela soulève des questions sur le rôle des médias et de la société dans la valorisation des voix féminines, et sur notre capacité à faire évoluer les normes qui régissent la parole dans le débat public.







