Dans une volte-face inattendue sous la pression des industriels, notamment l'Allemagne et l'Italie, Bruxelles a décidé de revoir à la baisse ses objectifs de réduction des émissions de CO2. L'objectif initial de 100 % de réduction en 2035 a été assoupli à 90 %, menaçant ainsi l'avenir du tout-électrique selon le Green Deal. Cette décision reflète les tensions croissantes au sein de l'industrie automobile européenne, qui lutte pour sa survie dans un marché de plus en plus concurrentiel.
Luc Chatel, ancien ministre de l'Industrie, a qualifié cette décision de « véritable prise de conscience », tandis qu'il soulignait les défis que doit relever l'industrie face à des ventes en chute libre. En effet, les ventes de voitures ont connu une baisse de 20 % en Europe et de 25 % en France depuis cinq ans, une situation exacerbée par la montée de la concurrence chinoise. Des responsables de l'industrie affirment que cette flexibilisation des normes permettra aux constructeurs européens de respirer un peu, même si cela ne résout pas les problèmes de fond.
Outre les nouvelles mesures sur les émissions, il existe des opportunités pour les véhicules hybrides et des innovations technologiques dans la production de batteries. Toutefois, cela n’empêche pas des voix critiques et des responsables politiques, comme Monique Barbut, ministre de la Transition écologique, de s'opposer fermement à un assouplissement des normes. « Nous ferons tout pour que cette flexibilité tombe », a-t-elle déclaré, mettant en lumière les tensions internes qui persistent en France.
Ce revirement politique pourrait avoir des conséquences significatives. La France a déjà perdu plus de 40 000 emplois dans l'industrie automobile au cours des cinq dernières années, une crise qui se poursuit alors que l’on estime qu’au moins 75 000 autres emplois pourraient être menacés d'ici 2035.
Alors que des pays comme l'Allemagne poursuivent une approche agressive pour défendre leur secteur, la France semble tiraillée entre objectif écologique et réalité économique. Ce constat est amplifié par des analystes de l'industrie, qui évoquent les « conséquences désastreuses » d'une période d’incertitude prolongée pour l'avenir de l'automobile en Europe.
La saga autour des règlements sur les véhicules thermiques n'est pas encore terminée. Destinée à être examinée par le Parlement européen et le Conseil, la décision de la Commission européenne pourrait faire l'objet de nombreux débats féroces, affectant l'avenir de l'industrie. Comme le souligne une analyse de France Info, le débat sur les transports et l'écologie est loin d’être tranché et continuera de faire couler beaucoup d’encre.







