Ce dimanche, les Iraniens célèbrent Yalda, une fête aux racines profondes, héritée de la Perse antique, qui marque le début de l'hiver. Cet événement, bien qu'historique et festif, est entaché par des préoccupations économiques croissantes, allant d'une inflation galopante à des tensions géopolitiques persistantes.
Yalda, dont les origines remontent à l'époque préislamique lorsque le zoroastrisme prédominait, célèbre le solstice d'hiver, la nuit la plus longue de l'année. Les familles se rassemblent pour partager des fruits de saison comme les grenades, pastèques et kakis, ainsi que des sucreries, créant une atmosphère chaleureuse et conviviale.
"La nuit de Yalda, nous nous réunissons chez mes grands-parents, et nous remontons le fil du temps", raconte Mary Gouzardi, une décoratrice d'intérieur de Téhéran, en faisant ses courses au bazar de Tajrish. Cependant, elle déplore une réalité économique difficile, exacerbée récemment par des événements tragiques et une montée en flèche de la valeur du dollar.
Le mois dernier, la Banque centrale iranienne a annoncé un taux d'inflation atteignant les 41 % sur l'année, mais de nombreux observateurs estiment que ce chiffre sous-estime l'augmentation des prix sur des produits essentiels. "Les tables de Yalda ne sont plus garnies comme avant", s'inquiète Mary.
- Fruits inaccessibles -
Pour Aliakbar Mohammadi, vendeur de fruits, le coût des grenades, indispensables pour Yalda, a doublé par rapport à l'année précédente. Ce phénomène a eu pour effet de faire chuter ses ventes, illustrant des réalités financières tragiques pour les familles iraniennes. Une caricature parue dans le quotidien Ham Mihan symbolise cette détresse : elle montre un homme essayant d'attraper des fruits inaccessibles, suspendus à la lune.
Avec le rial atteignant des records bas face au dollar – un dollar valant désormais environ 1,3 million de rials – les Iraniens vivent une anxiété palpable. Le jeune vendeur M. Rahimi témoigne : "Le marché est en crise, mais nous devons continuer à avancer, même si cela semble difficile." Ces préoccupations sont amplifiées par la guerre en cours et le rétablissement des sanctions liées au programme nucléaire iranien.
- Un symbole d'espoir -
Yalda incarne la victoire de la lumière sur l'obscurité, un moment propice pour formuler des vœux et nourrir l'espoir. Maral Bagherpour, une étudiante de 16 ans, se remémore des moments de joie en famille. "Nous lisons des poèmes de Hafez, partageons des rituels. Ma grand-mère chante, c'est un moment magique, même si la réalité est lourde", explique-t-elle.
À Téhéran, certains centres commerciaux sont ornés de décorations rappelant Yalda, ajoutant une touche de lumière dans une période sombre. Selon des experts, cette fuite vers la tradition pourrait offrir un répit en ces temps difficiles, même pour un moment. Les célébrations de Yalda retrouvent également écho dans d'autres pays de la région, tels que l'Afghanistan et le Tadjikistan, prouvant ainsi la résilience de la culture persane malgré l'adversité.







