Le Maroc s'apprête à mettre en avant sa puissance géopolitique à travers la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), qui se déroule jusqu'au 18 janvier, et le Mondial 2030, qu'il coorganisera avec l'Espagne et le Portugal. Comme le signale Le Monde, le pays voit dans cet événement une occasion en or d'attirer l'attention internationale. Le football devient alors un outil de soft power, similaire aux stratégies adoptées par le Qatar et l'Arabie Saoudite.
L'événement ne se limite pas à une simple compétition sportive; il représente également un moyen pour le Maroc de se positionner comme une puissance régionale émergente. Maroc Hebdo parle même de « diplomatie en crampons », soulignant que cette compétition pourrait renforcer le statut du pays sur la scène internationale, notamment en matière de soutien à sa position sur le Sahara occidental, un territoire revendiqué par le Front Polisario, soutenu par l'Algérie.
Le Maroc a en effet bénéficié de récentes victoires diplomatiques, avec des soutiens de la France et de l'Espagne concernant la souveraineté marocaine sur ce territoire. En parallèle, le calendrier de la CAN permet à cette compétition d'être diffusée dans 30 pays européens, un chiffre en hausse par rapport aux éditions précédentes, ce qui accentue la visibilité du Maroc sur le plan international.
Néanmoins, cette ferveur populaire cachent des tensions internes. En octobre dernier, des milliers de jeunes Marocains ont manifesté pour dénoncer le manque d'investissements dans la santé et l'éducation, préoccupés par les millions investis dans des stades flambant neufs. Lors de ces manifestations, le slogan « Le peuple veut la santé et l'éducation, pas des stades gigantesques ! » a résonné avec force. Les événements dramatiques, tels que la mort tragique de femmes enceintes dans un hôpital de la région d'Agadir, ont amplifié ces sentiments d'insatisfaction, comme l'a rapporté France 24.
Dans ce contexte, Éric Besson, ancien ministre français et résident au Maroc, observe que « le pays doit impérativement trouver un équilibre entre ses investissements sportifs et les besoins fondamentaux de sa population. » Alors qu'il s'apprête à construire un stade de 115 000 places à Casablanca, le Maroc est à un tournant décisif de son histoire moderne, où la passion pour le football doit trouver sa place aux côtés des aspirations légitimes de ses citoyens.
En somme, le Maroc navigue entre l'ambition de se faire respecter sur la scène internationale et la nécessité de répondre aux attentes pressantes de sa jeunesse. La CAN s'annonce comme un laboratoire de cette dualité, un moment où la célébration du football pourrait s'accompagner d'une réflexion plus profonde sur les enjeux sociaux qui traversent le pays.







