Thierry Breton, ancien commissaire européen, est désormais persona non grata aux États-Unis. Cette décision des autorités américaines, annoncée le 23 décembre, fait suite à des sanctions ciblant cinq figures européennes impliquées dans la régulation du numérique et la lutte contre la désinformation en ligne. Ces mesures, perçues par beaucoup comme une tentative de dissuasion contre le contrôle de la tech, qualifient Breton d'« agent de censure » nuisant aux intérêts américains, selon un communiqué du département d'État.
Breton a réagi vigoureusement à cette décision, affirmant dans une interview sur RTL, le 30 décembre, que cela dépasse sa personne. « Il s'agit surtout de l'Europe. J'ai exercé mes responsabilités en tant qu'officiel européen », a-t-il déclaré. L’ancien commissaire a souligné qu'une telle démarche constitue une « pente extrêmement dangereuse », appelant les institutions européennes à « agir rapidement » et à répondre avec « la plus grande fermeté ».
Il met en garde contre le risque d’intimidation à l'encontre de ceux qui suivront ses traces au sein des institutions européennes. « Si cet état de fait perdure, cela pourrait dissuader mes successeurs d'exercer pleinement leurs mandats », a-t-il ajouté. La réaction de Breton a trouvé écho chez d'autres observateurs, qui considèrent ces mesures comme une attaque directe contre l'autonomie européenne.
Les autres personnalités sanctionnées comprennent des dirigeants d'ONG engagées dans la lutte contre la désinformation en Allemagne et au Royaume-Uni, comme Imran Ahmed du Center for Countering Digital Hate, Clare Melford, à la tête d'un indice de désinformation, et Anna-Lena von Hodenberg de l’association HateAid. Emmanuel Macron a également qualifié ces décisions d’intimidation, rappelant que la liberté d'expression et la protection contre la désinformation doivent être au cœur des préoccupations européennes.
Dans le cadre de cette situation, des experts en relations internationales, comme le politologue Jean-Vincent Vée, indiquent que ces sanctions pourraient exacerber les tensions entre l'Europe et les États-Unis, soulignant que « des actes comme ceux-ci risquent de créer un climat de méfiance, suscitant des réactions défensives des institutions européennes face à des pressions extérieures ». Le sujet reste donc brûlant et doit faire l’objet d’un débat approfondi au sein de l’Union européenne, qui doit marquer son territoire face à une situation de plus en plus complexe.







