Dans une école thaïlandaise proche de la frontière cambodgienne, les bunkers en béton deviennent des toiles vibrantes. Watthanachai Kamngam, professeur de musique âgé de 38 ans, a décidé de transformer ce lieu de protection en un espace d'expression artistique. En peignant des scènes de soldats portant des blessés et des moments de résilience, il souhaite témoigner de la réalité brutale du conflit qui l'entoure.
« La paix au milieu du chaos », explique-t-il à l'AFP, en faisant référence à sa démarche artistique unique. « Je vis ces combats au quotidien et je veux simplement immortaliser ce moment. » Ses œuvres, bien qu’inspirées par des événements tragiques, apportent une touche d’espoir et de couleur.
La tension à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge s'est intensifiée récemment, avec des affrontements causant la mort d'au moins 20 personnes et provoquant l'évacuation de plus de 600 000 habitants. Alors que certains choisissent de fuir, d'autres, comme Sommai Sisuk, un agriculteur de 62 ans, trouvent réconfort et solidarité dans les nouveaux bunkers, construits pour leur sécurité.
« Ces abris sont devenus des lieux de rassemblement où l'on peut se sentir en sécurité », témoigne-t-il. « L'art, tout comme ces installations, nous aide à nous rassembler lors des moments difficiles. » Kamngam lui-même ressent une certaine catharsis à travers sa peinture, affirmant que « l'art aide à reprendre le contrôle de mes émotions » face à la peur ambiante des combats.
Alors que les roquettes retentissent au-dessus de leur tête, ces artistes et habitants trouvent des moyens créatifs de surmonter leur angoisse. « Nous voulons montrer que même dans les heures les plus sombres, il y a place pour la lumière », conclut Kamngam. Cette initiative souligne non seulement le pouvoir de l'art comme moyen d'expression, mais aussi son rôle essentiel dans la guérison communautaire, révélant la force et la résilience des populations touchées par le conflit.







