La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, se rend ce lundi à Toulouse pour défendre sa gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), une maladie qui affecte certains bovins. Sa stratégie a été vivement critiquée par une partie du monde agricole en colère, ainsi que par des figures politiques.
Alors que la crise sanitaire s'intensifie, la ministre se rend en Haute-Garonne pour lancer une campagne de vaccination visant à protéger un million de bovins dans le Sud-Ouest. Cette initiative crucialement en réponse aux inquiétudes des 125.000 éleveurs désireux de préserver leurs cheptels de la DNC, dont la présence menace également 16 millions de bovidés. "La vaccination est l'unique espoir pour les éleveurs bovins dans cette situation délicate", a déclaré un représentant du ministère, soutenu par la fédération syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs.
Cependant, cette approche fait l'objet de vives contestations provenant d'éleveurs et de syndicats tels que la Coordination rurale et la Confédération paysanne, qui organisent des actions, incluant le blocage de routes. Dimanche, 27 manifestations ont été recensées, rassemblant plus de mille agriculteurs, avec des actions marquantes à Millau, où la sous-préfecture a été recouverte de paille et de pneus, et sur l'A64, qui a vu des dizaines de tracteurs bloquer plus de cent kilomètres de route.
À Carbonne, une centaine d'agriculteurs a établi un campement, ravivant les souvenirs des protestations agricoles de décembre 2022. Emilie Deligny, secrétaire générale de la Confédération paysanne, a affirmé : "Nous souhaitons clairement que la politique sanitaire d'abattage total cesse. Nous demandons un élargissement de la vaccination et l'arrêt des abattages des troupeaux." Le dialogue avec la ministre stagne, regrette-t-elle, ajoutant qu'il y a encore beaucoup à faire.
La dérive de la DNC, qui n'est pas transmissible aux humains mais qui constitue une menace pour l'élevage bovin français, a commencé en juin dernier en Savoie et s’est depuis intensifiée dans le Sud-Ouest après un foyer détecté en décembre en Ariège, conduisant à l'abattage de plus de 200 vaches malgré les protestations.
Depuis le début de l'épidémie, 111 foyers de DNC ont été identifiés dans plusieurs régions françaises. La stratégie actuelle impose l'abattage systématique des animaux contaminés et une vaccination d'urgence dans un rayon de 50 km autour de chaque foyer. Cette gestion a suscité des critiques croissantes, non seulement de la part des agriculteurs, mais également de responsables politiques de divers partis, dénonçant une inaction face à la colère des agriculteurs.
Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie, a adressé une lettre ouverte au Premier ministre, demandant une intervention rapide pour établir un dialogue sincère avec les agriculteurs. D'autres problèmes, notamment la réduction du budget de la Politique agricole commune européenne et un projet d'accord de libre-échange avec les États du Mercosur, alimentent également les frustrations des producteurs français.
Emmanuel Macron a même demandé à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, de reporter l'examen de cet accord, notant que les conditions actuelles ne préservent pas les intérêts des agriculteurs français.
Alors que la ministre Genevard s'apprête à rencontrer les agriculteurs, les tensions demeurent palpables, faisant de la situation de la DNC un sujet central non seulement pour la santé animale, mais aussi pour l'avenir de l'élevage en France.







