La situation semble officiellement "sous contrôle" malgré un nouveau cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) détecté dans l'Aude. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, se rend lundi à Toulouse pour expliquer sa gestion de cette crise, remise en question par de nombreux agriculteurs et acteurs politiques.
Genevard a souligné, lors d'une intervention sur France 2, l'importance d'avoir un dialogue ouvert sur les mesures sanitaires tout en défendant les choix stratégiques de son ministère. En dépit de l'abattage de dix bovins dans une petite ferme de Pomas, le ministère insiste sur le fait que les cas de DNC ont été complètement éradiqués, soutenant ainsi que la situation reste "sous contrôle".
La ministre a rappelé que sa stratégie repose sur trois piliers : le dépeuplement, la vaccination et les restrictions de mouvement. Ces mesures sont conçues pour combattre cette maladie animale très contagieuse, qui, bien que non transmissible à l'homme, peut avoir un impact dévastateur sur le cheptel.
En parallèle, Genevard se rendra en Haute-Garonne pour animer le lancement d'une campagne de vaccination visant près d'un million de bêtes, dans un contexte de mécontentement croissant où la colère a déjà conduit à des actions de blocage.
Les syndicats agricoles, tels que la Coordination Rurale et la Confédération Paysanne, ont uni leurs voix pour demander la fin de l'abattage systématique des animaux infectés et une extension de la vaccination. Jérôme Bayle, un représentant des agriculteurs, a exprimé des doutes quant à l'efficacité de la visite de Genevard, affirmant qu'elle arrive "avec zéro proposition" concrète.
Les tensions sont palpables, notamment autour de Toulouse, où plusieurs points de blocage ont été organisés pour faire entendre leurs revendications. Des agriculteurs se sont déjà engagés à maintenir les barrages tant que des réponses satisfaisantes ne leur seront pas apportées. "Jusqu'ici, nous avons été sages, mais si la ministre ne nous écoute pas, la situation pourrait dégénérer", a averti Sébastien Rey, éleveur à Saussenac.
Bien que la DNC ne soit pas à l'origine de la crise dans le Sud-Ouest, cette région est devenue le foyer de la colère des agriculteurs, amplifiée par des crises successives telles que celle de la viticulture et les impacts du changement climatique. Les blocages se multiplient, non seulement en Haute-Garonne mais également en Gironde, Dordogne et Haute-Vienne, démontrant le mécontentement croissant au sein du secteur agricole.
Le gouvernement, tout en reconnaissant la douleur causée par l'abattage de troupeaux, plaide pour une approche scientifique afin de protéger les 16 millions de bovins en France. Le ministre de la Recherche, Philippe Baptiste, a expliqué que les protocoles actuels avaient été établis par des experts en santé animale et épidémiologie.
La Fédération Culture Viande a mis en garde contre les impacts économiques d’une campagne de vaccination généralisée, affirmant que cela pourrait compromettre le statut indemne de la France, aggravant les conditions d'exportation. Ces préoccupations sont accentuées par les voix de nombreux élus ruraux et d'experts qui critiquent la gestion de la crise par le gouvernement.
Ce lundi, plus de 200 maires de l'Ariège se sont mobilisés à Foix pour demander un dialogue ouvert avec l'État, soulignant l'urgence d'une réévaluation des protocoles de lutte contre la DNC.







