À Lübben, une petite ville du Brandebourg, la mobilisation des habitants contre la réouverture d'une usine de munitions prend de l'ampleur. Ce mouvement s'inscrit en réponse à l'initiative du gouvernement allemand visant à relancer l'industrie de l'armement dans le contexte actuel tendu avec la Russie.
Le collectif ''Notre Lübben'' a vu le jour avec l'objectif de s'opposer fermement à cette fabrication d'armement, prévue pour débuter à la fin 2024. Une affiche symbolique illustrant un soldat pleurant un camarade inanimé a été placée au cœur de la ville, soulignant la détresse face à cette proposition qui divise la population.
La fondatrice de l'initiative, Nancy Schendlinger, a recueilli plus de 1 600 signatures contre ce projet, indiquant que la majorité des habitants est réticente à l'idée de booster le réarmement allemand, encouragé par des figures politiques telles que Friedrich Merz, le chancelier. Ce dernier vise à faire de la Bundeswehr l'une des armées les plus puissantes d'Europe pour faire face à la menace perçue de la Russie.
''Nous avons déjà vécu cette spirale de militarisation'', confie Schendlinger à l'AFP, en référence à son expérience durant la Guerre Froide. Elle exprime sa profonde inquiétude pour l'avenir de son fils de 15 ans, ne souhaitant pas le voir avec une arme.
Dans une région marquée par les stigmates de la guerre froide, la perception de la Russie reste encore moins hostile que dans d'autres parties de l'Allemagne. Les habitants rappellent que la Russie n'a jamais été réellement l'ennemi, mais plutôt un partenaire ayant cohabité avec eux pendant des décennies.
Ce sentiment est également partagé par d'autres acteurs de la région. Dans un article récent du journal **Le Monde**, il est précisé que l'histoire de la région et la mémoire collective influencent fortement les opinions, incitant certains à proposer une détente avec Moscou plutôt qu'une confrontation militaire.
Le maire de Lübben, Jens Richter, a reconnu les inquiétudes des citoyens mais estime qu'il est important d'affronter la réalité du changement géopolitique. Il soutient également que l'usine créera 200 emplois, ce qui est crucial dans une région encore marquée par la désindustrialisation des années 1990.
Du côté des partis, l’AfD se distingue en exprimant clairement son opposition à l'envoi d'armes en Ukraine, tout en soutenant la production d’armement pour la défense allemande.
Lors d’une récente réunion, les membres de ''Notre Lübben'' ont ri lorsque la ''menace russe'' a été mentionnée. Une infirmière de 62 ans, Manuela Noack, a déclaré : ''La Russie n'est pas notre ennemie ! Pourquoi viendraient-ils attaquer l'Allemagne ?''
En somme, alors que l'Allemagne s'engage dans une intensification de son arsenal militaire, cette fronde locale à Lübben illustre un débat profond sur l'armement et la paix en Europe, signe d'une complexité à prendre en compte face à des enjeux modernes.







