La récente flambée des prix des mémoires vives, en particulier la DDR5 et la HBM, soulève de vives inquiétudes au sein du secteur technologique. Il y a quelques semaines, ces prix ont grimpé de façon inédite, multipliant parfois par quatre ou cinq le coût de certains modèles. Cette montée de prix est en grande partie alimentée par une demande effrénée, notamment en raison de l'explosion de l'intelligence artificielle (IA) et le développement massif des centres de données.
Julien Pillot, enseignant-chercheur en économie à l’INSEEC, explique que cette situation découle de l'interaction entre une demande en forte croissance et une offre concentrée principalement entre trois géants : SK Hynix, Samsung et Micron, qui représentent près de 93 % de la production mondiale de mémoire vive. Ces entreprises se retrouvent désormais dans une position délicate. Pour répondre à la demande, elles sont contraintes de puiser dans leurs stocks et d'augmenter leur capacité de production, ce qui nécessite des investissements lourds et longs à réaliser.
En attendant, le risque de pénuries et de hausses de prix pour les produits électroniques commence à se faire sentir. L'impact de cette situation dépendra fortement des décisions stratégiques prises par les entreprises concernant leur capacité à répercuter les augmentations de coûts sur le consommateur. Des acteurs majeurs comme Samsung tentent de s’adapter en se concentrant sur la production des mémoires les plus rentables, au détriment d'autres formats moins prisés. Mais ce choix amène des goulets d'étranglement dans la fabrication des DDR5, essentielle pour les consommateurs, notamment dans des secteurs comme le gaming.
Les experts estiment que, si le marché reste instable, nous pourrions voir une augmentation significative des prix des produits finis, incluant smartphones et ordinateurs.
Il est à noter que cette situation aurait des conséquences non seulement pour les consommateurs, mais aussi pour les entreprises dans le secteur technologique qui perçoivent déjà une pression sur leurs marges. Il est crucial d'observer comment les entreprises choisiront de gérer ces coûts. Comme le souligne un rapport du journal Le Monde, ces entreprises doivent maintenant naviguer dans un océan d'incertitudes, attendant des signes d'une stabilisation de l'économie avant de faire d'autres investissements majeurs.
Les perspectives restent floues : la réponse du marché à cette crise des mémoires vives pourrait potentiellement ralentir l'ensemble des innovations technologiques, y compris le développement de l'IA, tant que les acteurs économiques ne perçoivent pas de rentabilité claire. Les tensions géopolitiques entre la Chine, les États-Unis et les pays européens compliquent encore plus le tableau, rappelant l'importance de la souveraineté technologique.







