La République centrafricaine (RCA) se prépare à déployer son Fonds de garantie nationale (FGN), une initiative cruciale pour améliorer l'accès des petites et moyennes entreprises (PME) au crédit bancaire. Ce fonds a été présenté le 4 décembre 2025 par le ministre des Finances, Hervé Ndoba, lors d'une rencontre avec Guido Rurangwa, représentant résident de la Banque mondiale. À une époque où l'inclusion financière est encore limitée, ce fonds représente un levier stratégique pour encourager l'investissement et la croissance.
Doté d'un capital de 10 milliards FCFA (environ 15,2 millions d'euros), dont 3 milliards FCFA proviennent de la Banque mondiale, le FGN a pour but de réduire les risques encourus par les banques lorsqu'elles financent des entreprises locales. Ce mécanisme est essentiel, surtout dans un contexte où beaucoup de PME rencontrent des difficultés pour accéder au circuit bancaire formel en raison de la faiblesse de leurs garanties matérielles. En mutualisant une partie du risque, le fonds devrait inciter les établissements de crédit à augmenter leur portefeuille de prêts, notamment dans des secteurs clés comme l'agriculture, le commerce et les services.
Un secteur bancaire en quête d'inclusion
L'introduction du FGN se déroule dans un environnement financier difficile. Selon l'Agence Bloomfield Investment, le taux de bancarisation du pays était de seulement 7 % en 2021. De plus, environ 90 % de la population active évolue dans le secteur informel, avec seulement 22 % des PME ayant accès à un financement bancaire formel, comme l'indique Guido Rurangwa, représentant de la Banque mondiale en RCA. Cette situation limite considérablement la capacité d'investissement, ainsi que la modernisation des équipements nécessaire pour faire face aux fluctuations économiques. Les banques, percevant un risque élevé dans un contexte d'instabilité sécuritaire, peuvent hésiter à prêter aux PME. C'est exactement ce que le FGN vise à corriger, en rétablissant un équilibre dans le partage des risques entre le secteur public et privé.
Les PME : moteur économique face à des défis structurels
Au-delà de ces enjeux bancaires, le FGN fait partie d'un effort plus large pour renforcer un écosystème de PME encore fragile mais vital pour l'économie centrafricaine. Selon les rapport de l'ONU, les PME représentent plus de 90 % des entreprises formelles dans le pays, jouant un rôle essentiel pour la croissance nationale, bien que leur intégration dans les marchés régionaux reste limitée.
Pour favoriser le développement des PME et la création de nouvelles entreprises, les autorités ont récemment mis en place plusieurs réformes. Ces mesures incluent la réduction du capital minimum exigé pour la création d'une société et des initiatives pour renforcer la participation des entreprises locales aux appels d'offre publics. À court terme, le lancement du FGN pourrait alléger les contraintes d'accès au crédit, soutenir l'émergence d'un tissu entrepreneurial plus robuste, et rediriger une partie des financements bancaires vers les secteurs productifs. Cela représente un signal prometteur dans une économie en difficulté, où la revitalisation repose sur la vitalité des PME.







