Une situation tendue à l'approche des fêtes
Les syndicats agricoles, qui se sont réunis à Matignon le 19 décembre 2025, sont dans un flou total quant à l’avenir des blocages en lien avec la gestion de la dermatose bovine. La Coordination rurale (CR), seconde organisation syndicale, a pris position lors de sa sortie en appelant à plusieurs jours de repos pour les agriculteurs, tout en évitant de demander la cessation des barrages. Bertrand Venteau, son président, a souligné que les agriculteurs devaient maintenir « la bienveillance » envers les citoyens pendant les fêtes tout en affirmant que « la population est derrière nous ». Cette réflexion, susceptible d’apaiser les tensions, pourrait influencer les décisions des sections départementales de la CR.
Cet appel à la trêve intervient alors que la Confédération paysanne, troisième force syndicale, l’a également vue comme une opportunité d’ « ouvertures » mais ne peut pas encore engager la levée des blocages tant que les décisions concernant l’abattage des animaux ne sont pas clarifiées. Selon le porte-parole Stéphane Galais, la stratégie de l’exécutif sur la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est toujours contestée. À cette fin, une cellule de dialogue entre éleveurs et scientifiques a été instituée, une initiative qui pourrait permettre de trouver une solution à l'escalade du mécontentement.
Les exigences de l'État face à une mobilisation croissante
Le gouvernement a prévenu qu'il ne tolérerait plus de nouveaux blocages à l'approche de Noël. Maud Bregeon, porte-parole de l'exécutif, a insisté plus tôt dans la journée sur l'importance de permettre aux petites entreprises et aux commerçants de travailler pendant cette période festive. Le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, a dénombré près de 4 000 manifestants mobilisés avec environ 900 engins agricoles dans toute la France.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a appelé à une trêve qui serait conditionnée à un « courrier » du premier ministre, exposant clairement les intentions du gouvernement. Ce dernier prévoit de se réunir à nouveau autour du 8 janvier pour aborder des problématiques cruciales telles que la crise viticole, l’accès aux pesticides et la régulation des coûts des engrais, exacerbés par de potentielles augmentations dues à la taxe carbone européenne.
Les Jeunes Agriculteurs (JA), alliés de la FNSEA, se sont également joints à cet appel à un répit temporel, bien que leur président Pierrick Horel ait averti que les discussions devront se poursuivre, « parce que le compte n’y est pas ». La crainte demeure quant à savoir si cet appel à la trêve résistera sur le terrain, en particulier dans le Sud-Ouest, où la CR, qui a rassemblé environ 300 personnes à Agen, n’hésite pas à menacer de blocages majeurs, y compris une mobilisation spectaculaire à Paris.
Dans un contexte où l'unité des syndicats est mise à l'épreuve, les résultats de ces discussions initiales pourraient s'avérer déterminants pour l'avenir des relations entre les agriculteurs et l'État. Entre l'urgence de préserver les emplois et la survie des exploitations, la suite des événements pourrait se révéler décisive à l'aube de cette nouvelle année.







