À trois mois des élections municipales prévues pour mars 2026, l’Insee Occitanie a publié une analyse approfondie des 4 446 maires de la région. Basée sur des données du Répertoire National des Élus (RNE), cette étude met en lumière des conclusions à la fois attendues et surprenantes.
Une dominance masculine marquée
En Occitanie, 79 % des maires sont des hommes, reflétant une inégalité persistante dans les rôles d'échevinage. Ce déséquilibre est visible dans toutes les strates, allant des petites communes rurales aux grandes villes. Les communes comptant entre 5 000 et 10 000 habitants affichent le plus faible pourcentage de femmes à la tête de l'exécutif local, avec seulement 13 % de femmes, en comparaison à un taux régional de 21 %.
Les disparités sont également marquées à l’échelle départementale, où la proportion de femmes maires varie significativement. Les Pyrénées-Orientales, avec seulement 13 %, se situent bien en dessous de la moyenne, tandis que l'Ariège atteint 26 %. Bien que la parité progresse, notamment grâce à l'instauration de listes paritaires en 2020, les postes clés restent majoritairement occupés par des hommes. Comme l'analyse l’indique, le chemin vers une égalité effective dans l'accès aux fonctions exécutives demeure long.
Une frange vieillissante au pouvoir
Un autre constat frappant est l'âge avancé des maires en poste. Deux tiers d'entre eux ont entre 60 et 79 ans, avec 148 maires dépassant les 80 ans – un nombre deux fois supérieur à celui de ceux de moins de 40 ans, qui ne sont que 66. Les petites communes, en particulier, ont tendance à avoir des leaders plus âgés. Les femmes, en revanche, semblent légèrement plus jeunes, avec une majorité d'entre elles dans la tranche d'âge de 60 à 69 ans.
Les disparités d'âge varient significativement selon les départements. La Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées comptent 30 % de maires âgés de 70 ans ou plus, tandis que dans certaines zones comme les Pyrénées-Orientales, ce chiffre dépasse 40 %. Ces données mettent en exergue des dynamiques de renouvellement politique souvent liées à la structure démographique locale.
Une sélection sociale marquée
En termes de profils socioprofessionnels, le constat est tout aussi révélateur. Environ deux tiers des maires appartiennent aux catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+), c'est-à-dire des cadres, professions libérales, et ingénieurs, représentant 36 % d'entre eux. Les agriculteurs suivent avec 19 %, tandis que les artisans et commerçants ne constituent que 9 % des maires. Ces chiffres sont bien supérieurs aux proportions observées dans l'ensemble de la population active en Occitanie.
À l'inverse, les ouvriers, employés, et professions intermédiaires sont largement sous-représentés. Par exemple, seuls 3 % des maires sont des ouvriers, contre 18 % dans la population active. Cette sélectivité sociale est particulièrement marquée dans les communes de plus de 5 000 habitants, où les cadres dominent, tandis que dans les petites communes, les agriculteurs restent fortement représentés.
À l’approche des élections de 2026, cette étude de l’Insee souligne la lenteur des évolutions qui marquent encore le paysage politique local. Même si des réformes récentes ont amorcé une féminisation des conseils municipaux, les fonctionnaires de maire continuent de refléter des inégalités d'âge et de classe. Les élections à venir seront cruciales pour déterminer si ces réformes porteront leurs fruits et favoriseront une diversité plus représentative au sein des exécutifs locaux.
