La récente proposition d'Emmanuel Macron de « labelliser » l'information en ligne suscite des questions cruciales sur les limites constitutionnelles de son pouvoir. Lors d'un échange le 19 novembre, le président a déclaré : « On va tout faire pour que soit mis en place un label », soulignant sa volonté de lutter contre la désinformation sur les réseaux sociaux. Toutefois, cette initiative n'est pas exempte de controverses.
Cette idée a des racines dans l'initiative Journalism Trust Initiative, lancée en 2019 par Reporters sans frontières, visant à promouvoir un journalisme fiable. Cependant, de nombreuses critiques s'interrogent sur la légitimité d'un tel label et les risques d'une censure étatique. Des personnalités politiques, comme Bruno Retailleau, ont exprimé leur préoccupation, affirmant : « L'État n’a reçu aucun mandat du peuple pour désigner les 'bons' et les 'mauvais' médias ».
Emmanuel Macron agirait comme s'il avait une majorité, mettant en exergue des questions de gouvernance.
La Constitution française, notamment son article 5, stipule que le président doit veiller au respect de la loi et garantir l'indépendance nationale. Mais la question se pose : un chef de l'État a-t-il vraiment le pouvoir d'imposer un label sur des médias ? Les constitutionnalistes s'accordent à dire que ces droits sont limités, et des voix s'élèvent pour rappeler que de telles propositions pourraient compromettre la liberté d'expression.
Dans un contexte politique marqué par des tensions à l'Assemblée nationale, certains experts estiment que la proposition relève davantage d'une logique présidentialiste que d'un fonctionnement démocratique équilibré. Cette évolution pourrait refléter une « exception française » où le président concentre des pouvoirs souvent perçus comme excessifs.
À mesure que le débat s'intensifie, il devient crucial pour les citoyens et les législateurs de s'interroger sur la nature de notre démocratie et sur le rôle que doit jouer l'État dans la régulation des médias. Comme l'indique le politique Michel Debré, un gouvernement efficace repose sur un équilibre des pouvoirs, où le président doit assumer des responsabilités claires sans empiéter sur les prérogatives des organes de presse.
En fin de compte, la question essentielle demeure : Emmanuel Macron, face aux défis actuels, est-il capable de renoncer à ses aspirations à un pouvoir accrus, pour embrasser un rôle d'arbitre au service d'une démocratie renforcée ? Les perspectives de ce débat continuent d'alimenter les discussions, tant sur le terrain politique que dans l'opinion publique.







