Des éleveurs de bovins du Sud-Ouest intensifient leurs protestations à l'approche de la visite de la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, prévue pour demain à Toulouse. Ils expriment leur mécontentement face à la gestion de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), engendrant un climat de tension palpable dans les campagnes.
Selon le ministère de l'Intérieur, 27 actions ont été signalées, rassemblant plus de 1.000 agriculteurs. Bertrand Venteau, président de la Coordination rurale, a déclaré : "De nouveaux blocages sont en cours, et la résistance grandit", plaidant pour une campagne de vaccination large du cheptel français de 16 millions de bovins contre cette maladie.
À Tarascon-sur-Ariège, où 200 vaches ont récemment été abattues suite à des tensions avec les forces de l'ordre, environ 150 éleveurs ont occupé un rond-point pendant la vague de froid, bloquant la route vers l'Andorre. En Haute-Garonne, d'autres agriculteurs se sont rassemblés autour d'une ferme suspecte, en attendant les résultats des tests de DNC.
Des actions spectaculaires comme le déversement de lisier devant la sous-préfecture de Millau (Aveyron) illustrent l'indignation croissante des agriculteurs. Sur l'A64, des dizaines de tracteurs bloquent plus de 100 kilomètres de route, certains agriculteurs affirmant : "On compte passer les fêtes ici", comme l'a souligné Cédric Baron, éleveur en Haute-Garonne.
"Il est légitime d'abattre une bête malade, mais éradiquer des troupeaux entiers est inacceptable. Cela prend des années pour bâtir une bonne génétique", a déclaré Christophe Guénon, bioproduit et éleveur près de Bordeaux.
En réponse, la ministre Genevard a défendu un protocole qu'elle qualifie de "très efficace" et a affirmé qu'aucun foyer actif de DNC n’est présent en France. Cependant, ses déclarations n'ont pas apaisé les éleveurs, qui craignent une propagation. Venteau a averti que"la vaccination doit être mise en place immédiatement pour éviter une calamité" dans les mois à venir.
Le ministre délégué chargé de l'Industrie, Sébastien Martin, a souligné que la généralisation de la vaccination ferait de la France une zone à risque, compromettant l'ensemble du secteur agricole. La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a appelé le gouvernement à faciliter un dialogue sincère avec les agriculteurs.
En parallèle, d'autres enjeux s'ajoutent aux préoccupations des agriculteurs, comme la réduction des budgets de la Politique agricole commune et un accord commercial avec le Mercosur. Le gouvernement français tente de reporter les échéances de cet accord, regrettant que les conditions ne soient pas favorables pour une approbation des États membres.
Ainsi, la double pression de l'épidémie de DNC et des réformes agricoles imminentes pose un défi majeur que la ministre Genevard devra aborder lors de sa réunion de crise au sein de la préfecture de Haute-Garonne.







