Des agriculteurs du Sud-Ouest de la France intensifient leurs actions de protestation à la veille de la visite de la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, prévue pour ce lundi à Toulouse. Suite à la gestion controversée de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), les éleveurs de bovins ont pris la décision de bloquer des routes et d'effectuer des déversements de lisier.
Selon des données fournies par le ministère de l'Intérieur, environ 1 000 agriculteurs ont été recensés participant à 27 actions distinctes. En soirée, une soixantaine de tracteurs a envahi l'autoroute A63 à Cestas, près de Bordeaux, alors que des manifestations étaient déjà en cours à travers toute la région. Bertrand Venteau, président de la Coordination rurale, a exprimé sa satisfaction face à la mobilisation croissante : Le mouvement entamé vendredi se renforce''.
Les éleveurs se montrent particulièrement inquiets face aux conséquences du plan proposé, qui inclut un abattage massif des animaux touchés par la maladie. Une demande croissante émerge pour une vaccination étendue, touchant un cheptel de 16 millions de bovins, contre cette maladie réputée non transmissible à l'homme. Nous ne pouvons pas sacrifier des troupeaux entiers sur la base de quelques cas de DNC'', a déclaré Christophe Guénon, éleveur près de Bordeaux.
Cette situation a été aggravée par l'utilisation des gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre lors de précédentes manifestations, provoquant l'indignation de nombreux agriculteurs. Près de 150 d'entre eux ont maintenu leur occupation à un rond-point, bloquant les routes menant vers Andorre, et des actions similaires ont eu lieu à Millau où des bâtiments publics ont été recouverts de lisier et de pneus usagés.
Face à une telle agitation, la ministre Genevard défend son protocole sanitaire, arguant qu'un manque d'actions pourrait entraîner une perte significative du cheptel, ciblant jusqu'à 1,5 million d'animaux au bout de quelques mois. Elle se retrouve cependant en désaccord avec certaines factions agricoles, comme la Confédération paysanne, qui réclament une approche différente.
Dans cette ambiance tendue, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a appel à un dialogue ouvert avec les agriculteurs, soulignant l’importance de trouver un équilibre entre la santé animale et les préoccupations économiques des éleveurs. La situation révèle non seulement des tensions liées à la gestion de la DNC, mais également des inquiétudes plus larges concernant des enjeux tels que la baisse des budgets pour la Politique agricole commune (PAC) et l'impact potentiel du Mercosur sur la filière agricole. Emmanuel Macron lui-même a demandé un report de l'examen de l'accord de libre-échange pour protéger les agriculteurs français de défis économiques.
Alors que la discussion se poursuit, un équilibre délicat devra être trouvé pour satisfaire les préoccupations des éleveurs, tout en protégeant la santé du cheptel national, comme l’indique un rapport de France Info.







