Le 14 décembre, la mobilisation en Gironde se renforce à l'initiative de la Coordination rurale (CR). Près d'une trentaine de tracteurs se dirigent vers l'autoroute A63, engrangeant l'attention qui devient cruciale face à la crise de la dermatose nodulaire. Bien que l'élevage ne soit pas prédominant dans ce département, où la viticulture accapare 80 % des terres, l'angoisse des producteurs se fait sentir.
Les militants agricoles, parmi lesquels des éleveurs et des viticulteurs, se sont rassemblés à Sauveterre-de-Guyenne. Sébastien Lecourt, éleveur et viticulteur, raconte son expérience douloureuse d'un abattage de son troupeau suite à une épidémie de tuberculose, souffrance d'une réalité partagée par beaucoup. Selon lui, "les gens me disent qu'il est crucial de se manifester maintenant, sinon nous serons fichus".
La détermination se lit sur les visages réunis derrière les bannières de la CR. Nelly Buttignol, viticultrice en redressement judiciaire, explique : "Nous voulons bloquer le passage des camions étrangers sur l'A63. C'est une action unanime." D'autres cortèges de producteurs des Landes et du Médoc viennent renforcer le mouvement.
Les préoccupations des agriculteurs s'étendent au-delà des simples pertes financières. Laetitia Lescure, éleveuse de chevaux de course, affirme : "C'est une question de solidarité avec nos collègues. Les conditions de travail se détériorent depuis des années, et des tragédies personnelles, comme des suicides, sont devenues trop fréquentes."
Les manifestations de ce jour ne sont qu'un écho des luttes passées. Les agriculteurs se battent non seulement pour leurs entreprises, mais aussi pour l'avenir de l'agriculture en France. Comme l'indique l'analyste agricole Jacques Aurégan, "si la situation perdure, une génération d'agriculteurs pourrait disparaître, emportant avec elle un savoir-faire irremplaçable". Les voix se lèvent, la mobilisation ne faiblit pas.







