Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a récemment inauguré une maison d'arrêt flambant neuve à Basse-Terre, préfecture de l'archipel guadeloupéen. Cet établissement, en projet depuis plusieurs années, représente une avancée significative comme l’a souligné le ministre lors de sa visite.
Cependant, il a tenu à rappeler la dure réalité de la détention. « Une prison est toujours un endroit difficile », a-t-il déclaré, précisant que l'objectif de ces institutions est de permettre aux individus, condamnés par la justice, de purger leur peine tout en favorisant leur réinsertion pour prévenir la récidive.
Cette nouvelle structure, bien que cette fois-ci jugée « digne » par Darmanin, se distingue fortement des anciens locaux, décrits par les gouvernements successifs comme la « honte de la République ». Les conditions d'hébergement y étaient désastreuses, avec des dortoirs abritant parfois jusqu'à 16 détenus. Aujourd'hui, la prison peut accueillir 130 personnes; néanmoins, les 211 détenus transférés récemment soulèvent déjà des inquiétudes concernant la surpopulation. Les syndicats, comme Unsa-Ufap, sont sceptiques sur les promesses de logements individuels et anticipent une croissance du nombre de détenus dépassant les chiffres officiels.
Frantz Sapor, délégué syndical, alerte : « On nous dit que l'hébergement sera individuel, mais avec un taux d'occupation qui frôle déjà les 160 %, la réalité pourrait vite s'assombrir.» Ce constat est accentué par la situation préoccupante du centre pénitentiaire de Baie-Mahault, où la surpopulation atteint des taux alarmants, oscillant entre 240 et 250 %.
Un avenir plus radieux pourrait cependant se dessiner: un projet en cours promet de créer 350 nouvelles places en Guadeloupe d'ici 2025 et 2026, incluant la rénovation de la prison de Baie-Mahault. Par ailleurs, une nouvelle structure pénitentiaire de 60 places est en projet à Saint-Martin, visant à désengorger les prisons guadeloupéennes, puisque près de 100 Saint-Martinois sont actuellement incarcérés en Guadeloupe.
Lors de son discours, Darmanin a également évoqué la problématique de la violence en Guadeloupe, soulignant que « un tiers des homicides sont liés à des conflits autour de la drogue », pointant du doigt la nécessité d'investir dans des infrastructures pénitentiaires adéquates pour répondre à cette crise.
Ce week-end a été marqué par un tragique 49e homicide par arme à feu, tandis qu'un psychiatre a été tué par un patient, illustrant les tensions sociales et les défis que rencontre l'île. La mise en œuvre d’une politique globale de réinsertion et de réduction de la violence semble donc plus urgente que jamais, en mettant l'accent sur les axes de prévention et de soin.







