La justice française a tranché : le refus de rapatriement de trois jeunes majeurs, originaires de France, détenus en Syrie, a été annulé. Le tribunal administratif de Paris a ordonné à l'État de réexaminer leur dossier dans un délai de deux mois. Selon Marie Dosé, l’avocate des trois hommes, cette décision représente "une victoire, bien qu’arrachée à l’ignominie".
Youssef B., Adem C., et Amza B., âgés de 22 et 23 ans, ont été emmenés en Syrie par leurs parents alors qu'ils n’étaient que des enfants, pour rejoindre les rangs de l'organisation État islamique (EI). Depuis la chute du califat, il y a six ans, ces jeunes ont été plongés dans une détention précaire au sein de camps contrôlés par les forces kurdes.
Les demandes de rapatriement avaient été refusées par le ministère des Affaires étrangères en 2024, qui avait évoqué une "situation sur place particulièrement complexe et dangereuse". Lors d'une audience fin novembre, Me Dosé a souligné l’urgence pour ces jeunes de quitter des conditions indignes. "Ils n'ont rien choisi de tout cela", a-t-elle insisté.
Youssef B., originaire de Strasbourg, aurait subi des blessures graves, notamment à la tête, rendant son état de santé critique. Adem C. quant à lui, souffre d'une grave blessure à la jambe et ne reçoit actuellement aucun traitement. Amza B., en revanche, est maintenant détenu en Irak, et sa situation suscite de vives inquiétudes, selon Me Dosé qui a souligné les conditions inhumaines de détention.
Pour Marie Dosé, il est crucial d'agir rapidement, car elle craint pour la vie d'Amza, qui est aveugle de l'œil gauche et souffre de divers problèmes de santé. Dans ce contexte, le tribunal administratif a souligné qu'il ne pouvait pas se prononcer sur le cas de deux autres jeunes, en précisant qu'ils ne détiennent pas la nationalité française, ce qui complique leur situation.
La France a donc deux mois pour revoir les demandes de rapatriement de ces trois jeunes, une tâche qui sera scrutée de près par l'opinion publique et défendue par divers acteurs de la société civile. Déjà, des ONG comme Amnesty International et la Ligue des droits de l’homme ont exprimé leur soutien à un retour digne et sécurisé des jeunes détenus.
Au-delà des considérations juridiques, cette affaire soulève des questions éthiques fondamentales sur le traitement des jeunes ayant été exposés à des situations extrêmes, souligne un expert en droits de l'homme. La nécessité d'une réponse humanitaire face à la crise des droits des enfants en conflit armé est plus que jamais d’actualité.







