Moins célèbre que son contemporain André Le Nôtre, Jean-Baptiste de La Quintinie a pourtant laissé une empreinte indélébile dans l'art des jardins, en particulier avec la création du Potager du roi à Versailles. Au service de Louis XIV, il a su allier esthétique et utilité, comme le souligne Voltaire : "L’art des jardins a été créé et perfectionné par Le Nôtre pour l’agrément, et par La Quintinie pour l’utile".
Une vie au service des jardins
Né le 1er mars 1626 en Charente, Jean-Baptiste de La Quintinie grandit à Chabanais. Initialement formé en droit, il abandonne une carrière d’avocat après un voyage en Italie qui le séduit par la beauté de ses jardins. Fasciné par l'horticulture, il étudie des œuvres classiques, notamment celles de Pline l'Ancien et Columelle, et commence à expérimenter dans le jardin de son employeur.
En 1661, il rejoint le château de Vaux-le-Vicomte, où il collabore avec des experts, dont André Le Nôtre. Sa carrière prend un tournant décisif lorsqu'il se voit confier la gestion du Potager de Versailles, chargé d'approvisionner la table royale en fruits et légumes. Marié en 1662, il devient père de trois fils.
Le chef-d'œuvre du Potager du roi
En 1670, son expertise est reconnue avec la création d'un poste spécifique, « directeur des jardins fruitiers et potagers de toutes les maisons royales ». Entre 1678 et 1683, il réalise l’ambitieux projet du Potager de Versailles sur un terrain marécageux. Ce jardin, d'une superficie de 9 hectares, est organisé autour d'un grand carré central de 3 hectares et subdivisé en 16 parcs. Il accueille une variété de cultures, évidemment axées sur des fruits et légumes raffinés.
Plus qu'un simple potager, cet espace est également un lieu d'expérimentation horticole. La Quintinie y développe des techniques novatrices, notamment la culture en espalier d'arbres fruitiers, ainsi que l’acclimatation de variétés délicates comme les oranges et les figues, lui valant une place prépondérante dans l'histoire de l'horticulture.
Héritage et reconnaissance
Jean-Baptiste de La Quintinie publie, après sa mort en 1690, ses réflexions et expériences horticoles dans son ouvrage "Instruction pour les jardins fruitiers et potagers". Ce texte, qui compile ses travaux sur la récolte hors-saison et la taille des arbres fruitiers, renforce sa réputation d’innovateur.
Le Potager du roi, classé monument historique en 1921, demeure un exemple emblématique de potager classique, mêlant harmonieusement cultures légumières et fruitières. Aujourd'hui, il continue d'attirer les visiteurs et sert de cadre aux études pratiques des étudiants en paysage. Le genre botanique Quintinia rappelle également son nom et son influence dans le monde horticole.







