Entre 2020 et 2024, le prix moyen d'un tracteur a flambé de 30%, passant de 100 200 € à 130 000 €. Cette envolée des prix s'explique en partie par un contexte inflationniste global, mais aussi par des dynamiques particulières au secteur. Selon des analyses récentes, l'Autorité de la concurrence met en lumière des facteurs qui méritent d'être examinés de près.
Saisi par la commission des affaires économiques du Sénat, l'organisme a scruté le marché des tracteurs, qui représente 40% du chiffre d'affaires du secteur agroéquipement. L'Autorité souligne que presque tous les agriculteurs possèdent au moins un tracteur, en utilisant en moyenne entre trois et quatre par exploitation. Ces engins représentent une part considérable des coûts de production des agriculteurs français.
Une des raisons majeures de cette inflation est la demande croissante d'engins plus puissants et équipés de technologies connectées, comme des capteurs et des systèmes de géolocalisation. En parallèle, la structure oligopolistique du marché joue également un rôle clé. Seuls quatre grands acteurs — John Deere, Agco (qui regroupe Fendt, Massey Ferguson et Valtra), Case New Holland et Claas — contrôlent 90% du marché. Cela soulève des préoccupations quant aux échanges d'informations entre ces entreprises, qui pourraient mener à des hausses de prix concertées.
Par ailleurs, la distribution des tracteurs en France montre également des signes d'une concurrence limitée. Les agriculteurs préfèrent souvent se tourner vers un concessionnaire situé à moins de 40 km de leur exploitation, restreignant ainsi les choix offerts aux acheteurs. Ce système de concessions exclusives, où chaque distributeur est l'unique vendeur d'une marque dans une zone définie, limite la compétition entre les distributeurs de la même marque, ce qui a un impact direct sur les prix.
En ce qui concerne le marché de l'entretien et de la réparation, celui-ci souffre encore plus d'un manque de concurrence. Les réparateurs tiers sont souvent désavantagés face aux concessionnaires agréés, qui ont un accès privilégié aux pièces d'origine et aux formations techniques nécessaires, limitant de fait les options pour les agriculteurs.
Face à cette situation, l'Autorité de la concurrence appelle à dynamiser le marché des tracteurs, tant en matière de distribution que d'entretien, afin de favoriser des conditions plus concurrentielles et bénéfiques pour les agriculteurs. Il est essentiel de revoir les mécanismes actuels pour garantir un accès équitable et des prix plus justes.» Source: Autorité de la concurrence







