Une Française, la deuxième à être jugée devant la cour d'assises spéciale à Paris, a été condamnée ce jeudi 18 décembre à 10 ans de réclusion dans une affaire impliquant des figures notoires de Daesh. Le verdict de la cour met en lumière les enjeux complexes liés au retour des jihadistes en France et à leur réinsertion sociale.
D'après les déclarations officielles, Carole Sun a été reconnue coupable d'association de malfaiteurs terroriste après trois jours de procès. Sa peine est accompagnée d'une obligation de suivi socio-judiciaire de cinq ans et d'une injonction de soins. La condamnation soulève des questions sur la gestion des rapatriés et sur les mesures de prévention de la radicalisation.
Une radicalisation précoce
En juillet 2014, alors âgée de 18 ans, Carole Sun avait quitté la France avec son frère pour rejoindre la Syrie. Arrêtée en décembre 2017, alors que les forces kurdes combattaient Daesh, elle a côtoyé des personnalités notoires du jihad, dont certaines impliquées dans des actes de violence extrême. Les investigations menées par la DGSI soulignent une volonté de Daesh de 'relocaliser' ses membres au sein de poches résiduelles sur le territoire, notamment à Idlib.
Carole Sun, qui s'est radicalisée via les réseaux sociaux, a décrit son départ comme une tentative de 'colmatage' de traumatismes personnels, dont un viol collectif à l'âge de 14 ans. Les avis des experts sur son cas restent partagés. Certains estiment qu'une réhabilitation est possible si elle reçoit un soutien adéquat, tandis que d'autres expriment des réserves sur sa sincérité et sa réelle volonté de rupture avec l'idéologie de Daesh.
Des liens inquiétants
Au cours du procès, il a été révélé qu'elle avait tissé des liens avec des individus connus pour leur brutalité. Une de ses relations, Salaheddine Guitone, était un propagandiste notoire de Daesh. Carole a également épousé un membre des services de renseignement de l'EI, ce qui ajoute à la complexité de son parcours. Lorsque confrontée à des photos compromettantes de son passé, elle a exprimé qu'elle 'fermait les yeux' sur les exactions, affirmant que 'c'était juste la vérité de l'État islamique'.
Des témoignages de ses compatriotes détenues dans les camps syriens indiquent qu'elle reste perçue comme une 'pro-Daesh', malgré ses affirmations contraires. À l'heure actuelle, environ 160 femmes, sur les plus de 1 500 Français ayant rejoint les zones de combat, sont revenues en France, et une soixantaine d'entre elles sont encore à juger. Selon des sources judiciaires, la question du retour et de la réhabilitation des anciens membres de Daesh est au cœur du débat politique en France, alors que le pays tente de naviguer entre sécurité publique et droits humains.







