Ce vendredi matin, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, se retrouve à Matignon en tête-à-tête avec les représentants des quatre principaux syndicats agricoles, dans un contexte prévu d'intenses échanges. Ce rendez-vous pourrait bien déterminer l'avenir de la mobilisation agricole, qui s'est intensifiée récemment en raison de l'épidémie de dermatose nodulaire bovine (DNC).
Jeudi, lors d'une rencontre avec des éleveurs en Ariège, le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a rappelé l'importance de ne pas entraver le transport de marchandises. Pourtant, la colère des agriculteurs est palpable et leurs revendications, hétérogènes, reflètent une situation de grande détresse. Sébastien Lecornu doit donc à nouveau faire preuve de ses talents de négociateur.
Émilie Deligny, secrétaire générale de la Confédération paysanne, a exprimé clairement : "Pas de trêve de Noël" à moins que le gouvernement n'accède aux deux demandes essentielles du syndicat : la cessation des abattages massifs et l'extension de la campagne de vaccination. "Les mouvements de protestation se poursuivront ce week-end", prévient-elle. En effet, un climat de tension semble s'installer, comme l'illustre la préparation de mobilisations planifiées pour les jours à venir.
De son côté, la Coordination rurale, qui s'insurge également contre l'abattage généralisé de troupeaux infectés, a indiqué être ouverte à une discussion, à condition d'obtenir des propositions concrètes. François Walraet, secrétaire général du mouvement, insiste sur la nécessité de "faire retomber la tension" et appelle à l'élaboration de tests fiables pour diagnostiquer la maladie. "Si le Premier ministre nous présente un calendrier tangible pour un programme de recherche et une politique vaccinale ajustée, nous envisagerons de suspendre temporairement nos blocages", a-t-il affirmé.
En parallèle, les discussions autour de la zone vaccinale, qui a été élargie dans le Sud-Ouest, se poursuivent. Des vétérinaires, incluant des soldats de l’armée, sont mobilisés pour intensifier les efforts de vaccination. Cependant, Walraet reste prudent : "Si les délais annoncés ne sont pas respectés, nos actions reprendront de plus belle".
Du côté de la FNSEA et des JA, bien qu'ils reconnaissent l'approche gouvernementale basée sur des données scientifiques, de nombreux enjeux demeurent. Christophe Chambon, secrétaire général adjoint de la FNSEA, note que la situation agricole a empiré comparativement à celle d'il y a deux ans : "Nous réclamons des décisions fermes et concrètes pour soutenir une agriculture durable", insiste-t-il.
La tension est à son paroxysme, et les agriculteurs souhaitent clairement que les mesures promises ne soient pas évitées lors des prochaines échéances électorales, signalant qu'ils ne peuvent se permettre d'attendre encore dix-huit mois. La mobilisation est donc non seulement nécessaire mais imminente, reflet d'un malaise grandissant dans le secteur agricole.







