À mesure que les municipales de 2026 se profilent à l'horizon, la question de la gratuité des transports en commun refait surface. Plus de 2,8 millions de Français profitent déjà de réseaux de transport public entièrement gratuits, une tendance en forte croissance ces dernières années. Environ quarante collectivités, incluant des agglomérations majeures, ont tenté l'expérience, évoquant à la fois le pouvoir d'achat et les objectifs écologiques.
Cependant, la Cour des comptes, dans un rapport publié récemment, alerte sur les risques financiers liés à cette gratuité, affirmant que les collectivités supportent le coût total du service une fois les recettes ticket disparues.
Montpellier : un modèle à suivre ?
Michaël Delafosse, maire de Montpellier, rejette les critiques du rapport en défendant la gratuité comme un instrument d'amélioration du pouvoir d'achat et une nécessité écologique. Depuis la mise en place de cette mesure en 2023, la fréquentation des transports en commun aurait augmenté de 27 %, et des améliorations notables de la qualité de l'air ont été observées. Toutefois, la Cour des comptes souligne qu'il reste à déterminer combien d'automobilistes ont réellement abandonné leur véhicule.
Niort : une expérience délicate
À Niort, où la gratuité a été introduite en 2017, les résultats sont moins positifs. Avant cette changement, les recettes provenant des billets couvraient environ 11 % des coûts. La suppression de cette source de financement a entraîné une réduction de l'offre de 30 %, induisant presque un retour à la voiture pour une partie des usagers. Cela démontre qu'une gratuité mal financée risque de produire des résultats contraires à ceux escomptés.
Dunkerque : le succès à l'horizon
Dunkerque, en revanche, constitue un exemple emblématique de réussite. La ville a instauré la gratuité en 2018, et les changements ont été significatifs. Avec plus de 65 millions d'euros investis dans une réforme du réseau, la fréquentation a explosé de 65 % en semaine et jusqu'à 125 % le week-end dès la première année. En parallèle, des transformations structurelles du réseau ont été effectuées, facilitant un réel report modal.
Nantes : une approche mesurée
Nantes, pour sa part, a choisi une stratégie intermédiaire en rendant les transports gratuits uniquement le week-end, coûtant annuellement environ 20 millions d'euros. Bien que ce modèle attire davantage de passagers occasionnels, il pose également des défis de saturation sur certaines lignes pendant les périodes de forte affluence.
Un choix de société réfléchi
Les expériences variées en matière de gratuité des transports soulignent un point crucial : cette stratégie fonctionne principalement si elle repose sur un réseau efficace et un financement durable. Bien gérée, elle peut non seulement accroître la fréquentation, mais aussi soutenir le budget des ménages. Cependant, sans une planification adéquate, elle peut rapidement dégrader l'offre de transport. La question essentielle pour 2026 ne se résumera donc pas à 'gratuit ou non ?', mais plutôt à 'comment financer un réseau de transports performant et durable capable de rivaliser avec la voiture ?'
