La Cour pénale internationale (CPI) a prononcé, le 9 décembre, une peine de vingt ans d'emprisonnement contre Ali Muhammad Abd-Al-Rahman, surnommé "Ali Kushayb", reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis au Darfour entre 2003 et 2004. Ce ancien chef des milices janjawids, âgé de 76 ans, est devenu un symbole des atrocités de cette période sombre de l'histoire soudanaise.
Son procès, qui a débuté après que le Conseil de sécurité des Nations Unies a déféré l'affaire à la CPI en 2005, a mis en lumière les horreurs de la guerre au Darfour. Ali Kushayb a été reconnu coupable de 27 chefs d’accusation liés à des actes violents, notamment l'orchestration de viols, meurtres, et tortures. Selon la juge présidente Joanna Korner, il a "donné les ordres qui ont directement conduit aux crimes" et aurait personnellement participé à certains d'entre eux.
Cette décision a été saluée par divers observateurs, dont The East African, qui l'a qualifiée de "historique". Cependant, des spécialistes des droits humains, comme ceux d'Amnesty International, expriment des doutes sur l'impact de ce verdict dans un contexte où le Soudan fait face à de nouveaux conflits. Les Forces de soutien rapide, vues comme les héritières des janjawids, continuent de semer la terreur dans le pays.
Avec plus de 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, le bilan de la guerre au Darfour est dévastateur, selon l'ONU. Bien que le conflit ait formellement pris fin avec un accord de paix en 2020, des violences récentes rappellent la fragilité de cette paix. "Reste à voir si la justice n’est pas arrivée trop tard", tempère The East African.
La réaction de la communauté internationale demeure ambivalente, alors que le procureur de la CPI a récemment averti que des massacres commis dans des zones comme El-Fasher pourraient également constituer des crimes de guerre. Il est urgent que la justice se traduise en actions concrètes pour protéger les droits des populations touchées.







