Dans un contexte économique difficile, l'Allemagne a décidé d'injecter 206 millions d'euros dans des programmes de développement en Éthiopie, marquant ainsi un tournant significatif dans les relations bilatérales. Cette initiative, annoncée à l'issue d'une rencontre à Addis-Abeba, est orientée vers la promotion de réformes économiques, la stabilisation de la Corne de l'Afrique et la consolidation des liens stratégiques avec l'Europe.
Le financement, réparti entre 106 millions d'euros pour des projets techniques et 100 millions d'euros en soutien budgétaire, va permettre d'accompagner l'Éthiopie dans sa quête d'un équilibre économique après plusieurs années de crises, marquées par des conflits internes et des tensions régionales. Les institutions financières internationales, telles que le FMI, continuent de considérer le potentiel de croissance de l'Éthiopie comme robuste, mais soulignent la nécessité de transformer cette reprise en un développement durable.
Le ministre éthiopien des Finances, Ahmed Shide, a évoqué plusieurs réformes en cours visant à assainir le marché des changes, améliorer la logistique et rendre les services publics plus efficaces. Toutefois, le pays, qui souffre d'un besoin urgent de capital dans le secteur de l'énergie, mise de plus en plus sur les investissements directs étrangers pour couvrir ses besoins de financement. Le barrage de la Renaissance, qui devrait ajouter plus de 5 000 MW à la capacité électrique, illustre la volonté d'Addis-Abeba de moderniser ses infrastructures.
Les entreprises allemandes manifestent un intérêt croissant pour le marché éthiopien, en particulier dans les domaines des infrastructures et des technologies avancées. Ce dynamisme a été souligné lors du récent Forum d'affaires éthio-allemand, où des opportunités dans le secteur de la digitalisation ont été mises en avant.
Un partenariat stratégique face aux enjeux régionaux et climatiques
Au-delà des impératifs économiques, cette coopération s'inscrit dans une vision plus large. La visite de Reem Alabali-Radovan, la ministre allemande de la Coopération économique et du Développement, a mis en lumière l'importance accordée par Berlin à la position d'Addis-Abeba en tant que centre régional. Selon des sources officielles, l'Allemagne voit en l'Éthiopie un partenaire essentiel pour promouvoir un ordre international basé sur des règles solides dans un monde de plus en plus instable.
Les initiatives climatiques figurent également au cœur de ce partenariat. L'Allemagne a réaffirmé son engagement dans le financement des initiatives climatiques, tandis que l'Éthiopie met en œuvre des stratégies de résilience, telles que la Green Legacy Initiative. Le choix de faire d'Addis-Abeba le site de la COP32 en 2027 reflète cette orientation vers une coopération accrue sur les questions environnementales.
Les discussions ont également porté sur les défis liés à la sécurité dans la région, en particulier la situation au Soudan. Addis-Abeba a proposé son aide tout en insistant sur l'importance d'une solution dirigée par les Soudanais. De plus, la nécessité d'accéder à la mer pour réduire les coûts logistiques est devenue un sujet de préoccupation stratégique majeur, l'Éthiopie cherchant à diversifier ses routes maritimes depuis sa perte d'accès direct à la mer avec la sécession de l'Érythrée en 1993.
Alors que l'Éthiopie continue de se relever de ses crises passées, cet investissement allemand pourrait être la clé pour renforcer une relation mutuellement bénéfique, non seulement entre les deux pays, mais aussi pour la région entière.







