Le réalisateur philippin Lav Diaz revient sur l'expédition mythique du célèbre navigateur Ferdinand Magellan à travers son dernier film, qui ne ressemble en rien aux récits glorieux et traditionnels souvent racontés. En portant à l'écran une narration alternative, Diaz explore les conséquences tragiques de cette quête de découverte qui a tant marqué l'histoire des Philippines.
Ce film, titré Magellan, se distingue par sa lenteur contemplative et ses longues séquences, qui invitent le spectateur à méditer sur le voyage, sur la mer et sur les conséquences humaines de l'expansion coloniale. Contrairement aux films historiques conventionnels, ce récit n'est pas axé sur l'héroïsme, mais plutôt sur la douleur et les sacrifices qui ont accompagné cette aventure.
Diaz dépeint Magellan, joué avec brio par l'acteur mexicain Gael García Bernal, non pas comme un simple explorateur audacieux, mais comme un personnage complexe dont les décisions ont profondément affecté de nombreuses vies. Dans une interview, Diazem a déclaré : "Il était crucial de capturer la douleur derrière le voyage - un voyage qui a mené à des conversions au christianisme, souvent par la violence. Nous ne pouvons pas ignorer l’impact que cela a eu sur les peuples autochtones." Selon Le Monde, le film offre également des éléments quasi documentaires, personnalisant l’histoire à travers des récits moins entendus et invitant à une réflexion sur les héritages du colonialisme.
Avec ses 2 heures et 41 minutes de plans fixes, le film peut sembler long, mais sa beauté visuelle et son atmosphère introspective le rendent captivant. Les critiques s'accordent à dire qu'il s'agit d'une œuvre d'art à part entière, digne d'une galerie, chaque scène étant soigneusement composée.
Avec Magellan, Lav Diaz prouve encore une fois son génie cinématographique, confrontant le public à un patrimoine complexe et souvent ignorer. Ce voyage à travers l'histoire des Philippines continue de susciter des débats et des réflexions chez les spectateurs.







