La saison des pluies réveille les craintes des Mahorais face aux cyclones

Des souvenirs traumatisants refont surface avec l'arrivée des pluies.
La saison des pluies réveille les craintes des Mahorais face aux cyclones
Un homme travaille à la reconstruction d'une maison endommagée par le cyclone Chido, le 4 décembre 2025 à Dembeni, à Mayotte © Marine GACHET / AFP/Archives

À Mayotte, la saison des pluies évoque des souvenirs douloureux pour de nombreux habitants qui se remémorent les événements tragiques du cyclone Chido survenu le 14 décembre 2024. Antoine Mhoudhoiri, un résident de Mamoudzou, témoigne d'une expérience traumatisante : "Tout semblait calme jusqu'à ce que le vent se lève. Mon toit a heurté le sol, et j'ai cru que ma vie était en danger. Grâce à ma cousine, je suis en sécurité aujourd'hui," raconte-t-il.

La menace de cyclones, qui perdure de novembre à mars, a engendré une nouvelle vague d'angoisse. Pour Antoine, la prévention est essentielle : "Si jamais une alerte est lancée, je prends immédiatement un billet d'avion pour quitter l'île," affirme-t-il, soulignant son besoin de soutien psychologique anticipé.

De nombreux autres jeunes et adultes ressentent le même traumatisme, comme l’explique Chloé Le Doeuff, psychologue à Terra Psy : "L'arrivée des pluies est souvent associée à une montée d'anxiété chez les enfants, témoignant d'une peur persistante". Cela est d'autant plus vrai pour une population qui, avant Chido, avait sous-estimé les dangers des cyclones, pensant que Madagascar les protégeait en atténuant leur force.

Selon les données de Météo-France, le cyclone Chido est le premier à avoir une telle portée depuis 1934, laissant la population avec un souvenir amer. Une étude de l'institut Montaigne indique que 43% des jeunes à Mayotte souffrent de dépression, se plaçant parmi les départements français les plus affectés, juste après la Martinique et la Guyane.

Les craintes s'accompagnent également de préoccupations matérielles. Leyla Attoumane, participante de groupes de parole, rappelle l'angoisse des jours suivant le cyclone : "Sans eau ni électricité, nos ressources alimentaires étaient presque épuisées. Nous nous battions pour trouver à manger." La précarité est accentuée par un taux de pauvreté dépassant les 75% dans cette région.

Les besoins en soutien psychologique sont immenses, mais les ressources font défaut. "Nous manquons cruellement de psychologues dans les hôpitaux et les associations", alerte Caroline Delteil de Terra Psy. Cette crise de santé mentale entraîne une demande accrue de services de santé, alors même que des rapports indiquent une grave insuffisance en personnel, déplorant que certains jeunes soient hospitalisés en milieu adulte.

En réponse à ces défis, l'ARS de Mayotte a déjà initié la création de nouveaux centres pour le soutien psychoéducatif, bien que la tâche reste colossale. La résilience des habitants de l'île est mise à l'épreuve, alors qu'ils se préparent à affronter une nouvelle saison difficile.

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