Dans un monde où l’information circule à une vitesse fulgurante, deux études récentes publiées dans des revues prestigieuses comme Science et Nature révèlent l'efficacité alarmante des chatbots dans l’influence des décisions électorales. En se rendant compte que ces intelligences artificielles peuvent persuader les électeurs plus efficacement que les traditionnels spots de campagne, la question de la manipulation et de la désinformation prend une tournure critique.
Les recherches, conduites aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et en Pologne, ont mis en évidence que les électeurs, après avoir échangé avec des chatbots, revoyaient souvent leurs préférences initiales. Selon les résultats, une personne sur 25 a changé d'avis après une interaction avec un chatbot optimisé pour convaincre. Ce ratio, bien que paraissant faible, serait supérieur à l'impact de la plupart des publicités électorales. David G. Rand, professeur à l'université Cornell, souligne alors que, traditionnellement, il est ardu de modifier les opinions politiques des gens, ce qui rend ces résultats d'autant plus surprenants.
Pour étayer leurs messages, ces chatbots prennent un ton courtois et fournissent des informations qui, bien que parfois mensongères, semblent crédibles. Une étude menée par Science indique que même des affirmations inexactes peuvent influencer les électeurs, tant qu'elles apparaissent plausibles. Un chatbot soutenant Trump, par exemple, a affirmé que son mandat avait entraîné une forte création d'emplois sans mentionner la réalité d'une récession due à la pandémie.
Ce phénomène s’inscrit dans un contexte où la confiance des individus envers les moteurs de recherche et les recommandations des IA ne cesse de croître. Siva Vaidhyanathan, professeur d'études médiatiques à l'université de Virginie, explique que cette « autorité culturelle » des chatbots peut avoir des conséquences significatives sur le paysage électoral, ce qui appelle à une vigilance accrue et des mécanismes de régulation.
Des cas concrets commencent à se manifester. Par exemple, Shamaine Daniels, candidate démocrate en Pennsylvanie, a utilisé un chatbot pour dialoguer avec les électeurs lors des récentes élections. Bien que cette initiative ait suscité l’intérêt, elle n'a pas abouti à une victoire. Ce résultat met en exergue le débat autour de l'éthique et de la responsabilité concernant l'utilisation des technologies par les partis politiques.
Les chercheurs appellent donc à une réflexion sérieuse et à l'instauration de garde-fous pour éviter que ces outils puissants ne soient exploités à des fins de manipulation. La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle pourrait influencer l’issue de futures élections, un constat partagé par des dirigeants politiques comme Emmanuel Macron, qui ont exprimé leurs inquiétudes quant à l'influence croissante de l'IA sur le processus démocratique.







