Le distributeur Bernard Hayot, acteur majeur de la distribution en Outre-mer, est actuellement sous le feu des projecteurs en raison d'une enquête judiciaire ouverte par le parquet national financier. Cette investigation, qui s’inscrit dans un contexte économique tendu, vise des pratiques qualifiées d'« escroquerie en bande organisée », d'« abus de position dominante » et d'« entente ».
Confiée à des juges d’instruction parisiens depuis août, cette enquête se concentre particulièrement sur le marché automobile dans les territoires d’outre-mer. Les derniers rapports, notamment de Libération, soulignent que les concessions automobiles du groupe, occupant une position prépondérante sur le marché, appliquent des marges pouvant être « jusqu’à trois ou quatre fois supérieures » à celles constatées en France métropolitaine.
Les soupçons d’escroquerie concernent, en partie, des allégations selon lesquelles certains concessionnaires du groupe auraient dissimulé leurs véritables marges auprès des fabricants automobiles. Parallèlement, les enquêteurs s’interrogent sur des éventuelles collusions entre GBH et d'autres concurrents sur place, ce qui pourrait avoir des répercussions directes sur le pouvoir d'achat des consommateurs.
Le groupe Bernard Hayot (GBH) est souvent pointé du doigt pour sa contribution à l'augmentation du coût de la vie, notamment aux Antilles. Des voix s'élèvent pour dénoncer les marges colossales qu'il pratique, dans un contexte où l'absence de concurrence réelle favorise des pratiques tarifaires jugées abusives. Selon les données de l'Insee, les prix des produits alimentaires en Martinique sont en moyenne 40% plus élevés qu'en France métropolitaine. Cette réalité a déclenché récemment de vives manifestations contre la vie chère, témoignant du ras-le-bol des habitants.
En juin dernier, sous pression judiciaire, le groupe a finalement révélé ses comptes pour l’année 2024, affichant un bénéfice net de 202 millions d’euros. Ce chiffre choque et renforce les critiques des consommateurs et des politiques locaux, estimant que la situation économique ne peut perdurer ainsi.
Malgré ses 16 % de chiffre d'affaires réalisés en Martinique, GBH bénéficie d'une large présence en Guadeloupe (15 %), à la Réunion (35 %) et à l'international (32 %). Les implications de cette enquête ne peuvent être sous-estimées pour les habitants d’outre-mer, qui espèrent une révision des pratiques commerciales et une amélioration de leur pouvoir d'achat.







