Pourquoi les jeunes femmes semblent-elles absentes de l'Assemblée nationale ? Selon l’historienne Anne-Sarah Moalic Bouglé, les aspects concrets de la maternité influencent cette réalité. À l'approche des élections législatives de 2024, où les femmes représentent environ 36 % des députés, il est frappant de constater qu'à peine deux députées ont moins de 30 ans et que 31 appartiennent à la tranche d’âge entre 30 et 40 ans.
Le chemin vers la représentation féminine est semé d'embûches. Les hommes ont tendance à s'engager plus tôt dans les mouvements politiques, renforçant ainsi un système où la cooptation masculine prévaut. Les femmes, souvent influencées par des barrières internes, hésitent à s'impliquer. En effet, la réalité biologique de la maternité pèse lourdement sur les décisions des jeunes femmes souhaitant faire carrière en politique.
Le constat est poignant : une députée en congé maternité ne peut voter et, de ce fait, ses voix et celles de ses électeurs sont perdues pour son parti. Cette hyperdisponibilité exigée des parlementaires crée un dilemme difficile à surmonter. Comment concilier une vie de famille avec des obligations politiques intenses ? Cette question, encore négligée, nécessite une réflexion de fond, notamment face à un monde politique dominé par des valeurs traditionnellement virilistes, comme la performance et la disponibilité.
Il existe cependant des solutions simples. Par exemple, la possibilité de voter à distance pourrait permettre à des députées en congé maternité de continuer à participer activement aux débats. La députée LFI Mathilde Hignet a déjà proposé des lois pour que ces élues aient la possibilité d’être représentées par leurs suppléants durant leurs congés. Pourtant, pour que ces propositions se concrétisent, une modification de la Constitution s’avère nécessaire, un processus qui pourrait s’avérer long.
Récemment, une avancée importante a été réalisée au Parlement européen, permettant aux députées d’y déléguer leur vote en leur absence. Ce modèle pourrait inspirer nos représentants français, ouvrant ainsi la voie à une meilleure inclusion des femmes au sein de l'Assemblée nationale. En somme, une prise de conscience collective est impérative, afin que les enjeux de la maternité ne soient plus un frein pour la représentation féminine au sein de la sphère politique.







