Le 10 décembre, une réunion marquante a eu lieu à l’Assemblée nationale, orchestrée par le député socialiste Christian Baptiste, rassemblant des associations engagées dans la lutte contre l'inceste parental. L’initiative d’une proposition de résolution, déposée en octobre, vise à créer une commission d’enquête parlementaire pour examiner la manière dont la justice traite ces affaires délicates.
Au cœur de cette rencontre, un adolescent de 16 ans, qui a courageusement partagé son expérience traumatisante, a fait écho à une réalité sombre : son père, le présumé agresseur, reste libre. « Ce n’est pas de la justice, c’est de l’impunité organisée », a-t-il révélé devant une audience touchée. Son témoignage a été entendu par des groupes tels qu’Incesticide France, Mouv’enfant et la Fondation des femmes, amplifiant l’appel à une réforme nécessaire de la justice.
Des chiffres alarmants ont été avancés : en France, 97 % des agresseurs de mineurs ne font jamais face à des poursuites judiciaires, et parmi eux, 95,2 % sont des hommes. La députée Florence Hérouin-Léautay a affirmé que 160 000 enfants souffrent de violences sexuelles, dont une majorité reste innommée. Un fléau que la proposition de création de la commission d’enquête entend combattre avec force.
L’isolement des victimes face à l’institution
Les témoignages des familles se multiplient, soulignant un isolement palpable des victimes. Une mère, visiblement bouleversée, a exposé la douleur de devoir expliquer à sa fille qu'elle doit retourner vivre avec son agresseur. Un cri du cœur partagé par de nombreuses voix, contestant les décisions souvent incompréhensibles de la justice, où le prédateur semble avoir tous les droits. Sihem Ghars, fondatrice du collectif Incesticide France, met en garde : « Le prédateur a tous les droits sur l’enfant ».
Un autre parent a évoqué le cas de son fils, abusé par son beau-père, et se retrouve désormais séparé de lui depuis 2021. Les dénonciations de violences semblent souvent se transformer, dans le cadre judiciaire, en simples conflits parentaux, laissant les victimes à leur sort.
« Mon violeur a accusé ma mère de m’avoir manipulé », a déclaré l’adolescent, en exprimant son sentiment d'impuissance. Face à cette réalité impitoyable, il a ajouté : « Croyez les enfants et soutenez les mères qui protègent ! ».
Une ambition législative qui se dessine
L'écho de ces douleurs a également alimenté des réflexions sur une réforme législative indispensable. La proposition de résolution visant à la création de cette commission est soutenue par plus de 140 parlementaires. Une dynamique qui pourrait marquer un tournant dans la reconnaissance de l’inceste comme un crime à part entière, alors qu'il est pour le moment considéré uniquement comme une circonstance aggravante.
La députée Hérouin-Léautay insiste sur la nécessité d’adopter des mesures qui interdisent, par exemple, la résidence alternée ou principale chez le parent accusé de violences, un sujet qui semble aujourd'hui plus pertinent que jamais dans le débat public français. Christian Baptiste exprime l'espoir d'un « tabou enfin levé » à l’Assemblée nationale. Cependant, il est clair qu'il faudra bien plus qu’un discours pour faire changer les choses et libérer la voix des victimes.







