Nous célébrons un triste anniversaire : il y a un an, le cyclone Chido a sévi sur Mayotte, causant des destructions monumentales. Le 14 décembre 2024 a marqué un tournant tragique pour cette île paisible, lorsque des vents dévastateurs ont rasé une grande partie de ses infrastructures.
Le cyclone, considéré comme l'un des plus destructeurs dans l'histoire de la région, a causé la mort de 39 personnes à Mayotte, tandis que le bilan global s'élève à 172 victimes, selon les données officielles.
Les conséquences de ce désastre sont encore palpables un an plus tard. D’après la Fondation pour le logement, environ 60 % des bâtiments de l’île sont soit endommagés soit entièrement détruits, et plus des deux tiers des logements collectifs ont subi des dégradations significatives. Malgré les promesses de soutien gouvernemental, le processus de reconstruction avance à un rythme désespérément lent, laissant de nombreux Mahorais dans des conditions précaires.
Le sénateur Saïd Omar Oili, membre du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, alerte sur cette situation : "Les gens vivent encore dans des bâches. Les écoles ne sont pas construites. De nombreux enfants ne bénéficient que de deux heures de cours par jour. Les réapprovisionnements sur l'île souffrent de retards à cause de travaux au port de Longoni, perturbant l'accès aux ressources essentielles." Selon lui, l'approvisionnement en eau reste sporadique, et les infrastructures de base, à l'exception de l'électricité et d'Internet, sont loin d'être rétablies.
Des conditions indignes pour les enfants
Le quotidien des enfants est particulièrement impacté. Un rapport de l'Unicef indique qu'entre 5 379 et 9 575 enfants âgés de 3 à 15 ans ne sont pas scolarisés à Mayotte. Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Éduc'action, précise que la situation éducative était déjà fragile avant le cyclone. "Chido a simplement été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", observe-t-il.
Un plan d'urgence axé sur l'éducation est donc devenu crucial, avec un besoin urgent d'améliorer l'hygiène et la sécurité dans les établissements. Les conditions d'accueil restent inadéquates, sans accès garanti aux sanitaires, des éléments jugés inacceptables par Dezile.
Pénurie de personnel hospitalier
La crise touche aussi le secteur de la santé. Mayotte subit une grave pénurie de personnel médical, aggravée par des conditions de travail difficiles qui poussent de nombreux soignants à quitter l’île. "Beaucoup de professionnels viennent pour de courtes missions, mais quittent rapidement compte tenu de la situation", révèle à RTL le sénateur Oili.
La situation alarmante est accentuée par des infrastructures sanitaires qui luttent pour répondre aux besoins croissants des habitants, exposés à des risques sanitaires majeurs.
Des décrets en attente et une reconstruction incertaine
Bien que plusieurs lois aient été votées pour soutenir la reconstruction, peu de décrets ont été appliqués. Sur 51 décrets prévus, seulement 19 ont été publiés, laissant présager un avenir incertain pour les projets d'urgence. Le sénateur Oili observe : "Nous avons des fonds privés pour nous aider, mais une volonté politique affirmée est cruciale pour avancer dans cette reconstruction. Les délais d'importation de matériaux de construction augmentent, exacerbés par de nouvelles taxes applicables dès 2026. Dans un contexte d'urgence, cela pourrait paralyser encore plus nos efforts de réhabilitation."
En somme, un an après le cyclone Chido, la route vers la reconstruction de Mayotte reste semée d'embûches. Les voix locales se font entendre, appelant à une action immédiate et décisive pour restaurer l'espoir et la dignité des Mahorais face aux défis quotidiens.
