L'entreprise Nestlé Waters se trouve au cœur d'une tempête judiciaire alors que la société Bonneval Emergence l'a récemment assignée devant le tribunal de Nanterre pour concurrence déloyale. Cette démarche s'inscrit dans le contexte d'un scandale plus vaste lié aux traitements appliqués aux eaux minérales naturelles. Bonneval, qui commercialise l'eau minérale émergente intitulée "Bonneval", réclame plus de 1,3 milliard d'euros en réparation pour les préjudices économiques causés.
Nestlé Waters, connu pour des marques emblématiques comme Perrier et Vittel, a fermement rejeté ces accusations, les qualifiant de "totalement infondées". Selon un porte-parole de l'entreprise, celle-ci se prépare à défendre "vigoureusement sa position". Toutefois, les récentes révélations de la presse, notamment du quotidien Le Monde, ont exacerbé les inquiétudes sur l'intégrité des procédés de traitement de l'eau de l'entreprise.
Bonneval Emergence souligne que Nestlé aurait utilisé dans le passé des procédés interdits, tels que le traitement au charbon et à la lumière ultraviolette, ce qui lui aurait permis d'augmenter sa part de marché au détriment de la concurrence. "Il s'agit de corriger un préjudice et de restaurer une concurrence saine", a affirmé David Merle, le cofondateur de Bonneval, à l’AFP.
Depuis l'éclatement de ce scandale, Nestlé Waters a remplacé les traitements contestés par une microfiltration à 0,2 micron. Cependant, cette méthode a suscité des doutes concernant sa légalité, car l'eau minérale naturelle ne devrait pas subir de traitements pouvant en altérer les caractéristiques, sauf exceptions précises. Au cours des derniers mois, les autorités sanitaires ont déterminé que la microfiltration modifiait le profil microbien de l'eau. Par conséquent, le groupe, sous injonction de la préfecture, a dû passer à une microfiltration à 0,45 micron.
Malgré les affirmations de Nestlé selon lesquelles cette nouvelle méthode a été validée par les autorités, des démarches supplémentaires pour obtenir des permis d'exploitation ont été nécessaires pour continuer à commercialiser leurs produits sous l'appellation "eau minérale naturelle". En novembre de l'année précédente, la justice a cependant permis la poursuite de la commercialisation de l'eau Perrier en référence à cette appellation, à la suite d'un recours par l'association de consommateurs UFC-Que Choisir.
D'autre part, une situation complexe se dessine avec l'ouverture de deux enquêtes judiciaires à Paris en février, après des plaintes de l'association Foodwatch, ciblant à la fois Nestlé Waters et le groupe Sources Alma, qui comprend des marques comme Cristalline et Vichy Célestins.
La guerre des eaux minérales est ainsi loin d’être terminée, et les répercussions de cette affaire sur le marché resteront à surveiller de près.







