Dans une lettre révélée ce mercredi, le puissant syndicat allemand IG Metall a déclaré qu'il ne faisait plus confiance à Dassault Aviation concernant le programme d'avion de combat européen, le SCAF. Jürgen Kerner, vice-président du syndicat, et Thomas Pretzl, président du comité d'entreprise d'Airbus Defense & Space, ont fait part de leurs préoccupations aux ministres de la Défense et des Finances allemands, Boris Pistorius et Lars Klingbeil.
Selon IG Metall, Dassault a perdu toute crédibilité en tant que partenaire au sein de l'Europe, en particulier dans un contexte géopolitique fragile. Le SCAF, qui vise à remplacer les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols d'ici 2040, se heurte à des défis croissants, surtout face à la montée des tensions avec la Russie.
Le PDG de Dassault, Eric Trappier, avait récemment affirmé que le constructeur français était en mesure de mener le projet seul, ce qui a provoqué une réaction forte d'IG Metall. Le syndicat a souligné que jusqu'à présent, Dassault avait insisté pour prendre en charge l'intégralité du développement de l'avion, ce qui nourrit des dissensions avec ses partenaires, notamment Airbus.
Cet incident intervient alors qu'une réunion cruciale des ministres de la Défense de France, d'Allemagne et d'Espagne est prévue à Berlin. Guillaume Faury, le président d'Airbus, a fait appel à une meilleure coopération entre les industriels et les gouvernements européens, regrettant l'existence d'un "différend significatif" avec Dassault.
Du côté français, l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie), présidée par Eric Trappier, a exprimé son étonnement face à la déclaration d'IG Metall, arguant que cette position vise à écarter un acteur clé de l'aviation militaire française du projet européen. Le communiqué affirme que refuser de collaborer avec Dassault pourrait nuire aux intérêts industriels français dans un domaine aussi stratégique.
En somme, cette controverse souligne les tensions croissantes au sein du programme SCAF, qui représente non seulement un projet militaire, mais également un enjeu industriel et économique capital pour l'Europe. Les experts en défense et des analystes appellent à une clarification des rôles et des responsabilités au sein de l'ensemble du projet afin de préserver la compétitivité européenne sur la scène mondiale.







