Le tribunal administratif de Nouméa a tranché en faveur de l'assureur Allianz, condamnant l'État à verser plus de 28 millions d'euros pour les dommages survenus durant les émeutes de mai 2024. Cette décision, rendue le 11 décembre, met en lumière la responsabilité de l'État dans la gestion des événements qui ont secoué l'archipel.
Les émeutes, qui ont éclaté le 13 mai 2024 en raison de la contestation d'une réforme électorale par le camp indépendantiste, ont causé des dégâts matériels dépassant les deux milliards d'euros. Des centaines d'entreprises et plusieurs bâtiments publics ont été incendiés et pillés, et quatorze personnes ont perdu la vie durant cette période de violences, les plus graves depuis les années 1980.
Dans son jugement, le tribunal a souligné que l'État n'avait pas pris des mesures adéquates face aux « alertes et demandes formulées par le haut-commissaire de la République », laissant présager une insurrection imminente. Il a noté que l'État avait eu un délai raisonnable pour mettre en place des mesures de sécurité appropriées avant le déclenchement des violences.
Kenu In, le principal centre commercial de Nouvelle-Calédonie, a été l'une des premières cibles des émeutiers, notamment la chaîne Decathlon, dont les magasins ont été détruits durant les premiers jours des émeutes. Ce centre commercial, inauguré en 1989, représentait un symbole économique important de la région.
Cette décision judiciaire survient à un moment où les assureurs en France se montrent de plus en plus prudents vis-à-vis des risques liés aux émeutes, en particulier dans les départements d'outre-mer. Plusieurs compagnies ont signalé une diminution de leurs offres d'assurance pour les biens, estimant que les risques deviennent trop fréquents et coûteux. Comme l'a souligné Jean-Pierre Leclerc, expert en sécurité, « les événements récents mettent en évidence la nécessité d'une réévaluation des politiques de sécurité et d'assurance dans ces territoires. »
Alors que le paysage économique de la Nouvelle-Calédonie évolue, les conséquences de ce jugement pourraient également influencer les futures stratégies des gouvernements locaux et nationaux face aux tensions sociales. Le besoin de dialogue et d'une approche proactive semble plus que jamais crucial pour éviter une répétition de ces violences.







