Les ruptures conventionnelles, qui ont connu une forte augmentation ces dernières années, sont au cœur des débats en France. En 2024, plus de 500 000 de ces accords amicaux ont été signés, entraînant un coût considérable de 9,4 milliards d'euros pour l'assurance chômage, soit 26 % de ses dépenses totales, selon l'Unédic.
Alors que les entreprises apprécient la flexibilité qu'elles offrent pour gérer des situations parfois délicates, le gouvernement met en avant les abus potentiels. Cette rupture, instaurée en 2008 grâce aux contributions du Medef, est souvent perçue comme un moyen de contourner un licenciement difficile. Comme le souligne l'économiste Camille Signoretto, « cette image du salarié profitant d'un système est souvent stéréotypée et ne reflète pas la réalité », ajoutant que la majorité des ruptures viennent remplacer des démissions plus que des licenciements.
Mathieu Kilhoffer, après 27 ans de travail de nuit dans l'automobile, a choisi ce dispositif pour des raisons de santé. « Si je n'avais pas pu en bénéficier, cela aurait eu des conséquences graves sur ma santé », confie-t-il. Une affirmation soutenue par Aura, une employée d'une petite entreprise du secteur des cosmétiques, qui évoque des ruptures comme une manière efficace de gérer des conflits d'équipe. « Plutôt que de traîner un problème, mieux vaut s'en séparer sans stress », explique-t-elle.
La montée des ruptures conventionnelles s'explique en partie par un marché de l'emploi en mutation, mais également par la difficulté croissante pour les employés de se sentir à l'aise dans un environnement de travail parfois toxique. Oriane, ancienne salariée d'une association d'économie sociale à Paris, a utilisé cette option pour se réorienter vers le journalisme indépendant. « Cela m'a permis d'avoir une sécurité financière pendant que je construisais ma nouvelle carrière », déclare-t-elle.
Pourtant, cette pratique n’est pas sans critiques. Le gouvernement exige une négociation plus stricte pour encourager des économies sur le coût de l'assurance chômage. Les partenaires sociaux disposent d'un délai jusqu'à fin janvier pour établir un nouveau cadre. Les organisations patronales, à leur tour, aspirent à réduire de manière significative ces charges, indiquant qu'une réduction de 400 millions d'euros par an serait souhaitable.
En conclusion, les ruptures conventionnelles restent un dispositif aux multiples facettes, apprécié par certains, contesté par d'autres. La clé pourrait résider dans une meilleure régulation et une sensibilisation accrue aux choix de carrière et à leurs implications. Comme le dit Signoretto, « il est crucial d'examiner chaque situation individuellement pour une approche équilibrée ».







